Quel plaisir de retrouver le ténor Cyrille Dubois avec son complice le pianiste Tristan Raës cette fois dans le répertoire du compositeur bordelais Louis Beydts (1895-1953), dont les pièces sont, pour la majorité, enregistrées pour la première fois ici.

Tombé dans l’oubli, Louis Beydts s’est distingué notamment dans l’opérette : Moineau, sur un livret de Pierre Wolff, Le Club des canards mandarins, sur un livret d’Henri Duvernois et Pascal Fortuny, avec Sacha Guitry : S.A.D.M.P, Le Voyage de Tchong-Li, et les musiques de films : Pasteur, La Malibran, Le Comédien, Le Diable boiteux... toujours avec Guitry mais aussi par exemple : L’Affaire du courrier de Lyon de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara, La Dame de Malacca de Marc Allégret, Le Colonel Chabert de René Le Henaff, Le Secret de Mayerling de Jean Delannoy, L’appel du destin de Georges Lacombe...

Pour autant, il serait trop facile de cantonner Beydts à une sorte de musique légère et d’un autre temps. La preuve avec ces cycles de mélodies (juste une partie du corpus du compositeur) : Chansons pour les oiseaux, D’ombre et de soleil, Le cœur inutile... Cyrille Dubois, Tristan Raës, deux musiciens de très grand talent (interprétation magistrale de bout en bout ici), ont naturellement tout à fait saisis toute la poésie, l’ambiguïté du compositeur (on disait de lui que : "derrière son sourire aux lèvres se cachait une âme tourmentée"), de cette musique : ce mélange d’élégance, de sens narratif, d’humour, de sensualité parfois, de nostalgie, d’une écriture qui sait être aventureuse avec ses subtils reflets et ces influences de Fauré, d’André Messager et de Reynaldo Hahn. Superbe !