Il neige sur Paris ce matin. C'est très joli, un peu mélancolique et cotoneux. Le bruit des moteurs est assourdi, des chemins boueux traversent cette grande étendue blanche. Bientôt, il ne restera plus rien, la neige aura fondu, incapable de résister bien longtemps à la suractivité des grandes villes. Resteront quelques paquets de neiges entassés par des enfants qui fondront quelques heures plus tard, des trottoirs mouillés et quelques parisiens en après-skis parfaitement ridicules, évidemment.
J'aurais aimé que la neige reste un peu pourtant, apportant une sorte de quiétude à la ville, même si elle est trompeuse et que là-dessous dans le métro, les gens s'entassent faute de bus ou faute de courage de prendre un bus lent ou à la conduite mal assurée sur cet inhabituel manteau blanc.
J'aurais aussi aimé avoir le temps de marcher dans Paris toute la journée accompagné de Daniel Martin Moore qui me murmure de douces ballades dans les oreilles, rien que pour moi. C'est beau et mélancolique et parfait avec ce paysage enneigé.
Stray Age, premier album de Daniel Martin Moore est ainsi fait de chansons lentes et cotonneuses, immédiatement touchantes aux mélodies fluides comme de la pop anglaise (on pense parfois à Lloyd Cole) qui donnent à son folk un petit air pas comme les autres.
Signé chez Sub Pop, Moore a profité sans doute des bienfaits d'un label de renom et sur son album se croisent Petra Haden ou Justin Meldal-Johnsen au détour d'un refrain ou d'un autre. On trouvera aussi Joe Chiccarelli à la production. Et même si la touche de chacun est pour le moins discrète, cela apporte certainement un plus dans la qualité de ce disque, l'apport de chacun faisant à merveille ressortir la sensibilité et le talent de songwriter de Moore.
"It's you" évoque les belles heures de Nick Drake (d'ailleurs la bio n'hésite pas à en parler et pour une fois, ce n'est pas si prétentieux) et l'ensemble a des airs d'un autre temps lorsque l'album prend ses allures de bar de jazz.
Alors bien entendu, on ne criera pas cette fois-ci encore à la révolution, il n'empêche que ce jeune homme est rempli de talent et de sensibilité et ses chansons en forme de berceuses à fleur de peau font un bien fou.
On est bien avec Daniel Martin Moore, dommage que dehors, la neige ait déjà fondu... |