D'après l'oeuvre de Virginie Despentes, mise en scène et adaptation Elya Birman et Clementine Niewdanski, avec Elya Birman, Pauline Méreuze, Vincent Hulot, Jean-Christophe Laurier, Nolwenn Le Du, Clémentine Niewdanski.
Vernon Subutex est disquaire et, après avoir connu ses heures de gloire dans les années 80, il va connaître la descente aux enfers, perdre son emploi et, de fil en aiguille, son appartement.
Peu à peu, Vernon glisse vers l’exclusion sociale et se retrouve à la rue et dresse le portrait d’un loser-héros, qui livre un regard critique et féroce sur la société.
Adapter Vernon Subutex sur scène aurait semblé à certains chose impossible, tant les intrigues et les personnages de ce roman s'y entremêlent. Elya Birman et Clémentine Niewdanski pourtant arrivent à extraire de cette odyssée urbaine en trois volumes un spectacle cohérent et captivant, à l'image de l'œuvre écrite, punk et âpre. À noter qu'ici, seuls les deux premiers tomes servent de trame, le troisième roman avec son côté messianique est abandonné.
On retrouve bien l'ambiance instaurée dans les lignes de Despentes, le côté urbain et déshumanisé de nos sociétés (nos sociétés, car toutes les strates et les castes sont impliquées dans cette histoire).
À ceci s'ajoute la musique, acteur très présent dans l'histoire originale mais restituée ici sur scène grâce à la présence de Vincent Hulot, multi-instrumentiste et qui insuffle à la trame du récit un élément supplémentaire.
Bien sûr, la pièce ne reproduit pas fidèlement les plus de mille pages du roman, certains aspects sont gommés afin de fluidifier un récit suffisamment dense, ne serait-ce qu'en terme de protagonistes.
La troupe de cinq comédiens se répartit facilement les différents rôles, passant d'un personnage à l'autre en un clin d'œil, à l'aide de discrets artifices vestimentaires qui permettent au spectateur de ne pas se perdre. La partie narrative, importante dans cette pièce, est équitablement partagée entre les quatres comédiens entourant Vernon Subutex, qui lui reste le même du début à la fin.
Œuvre rock'n roll s'il en est, l'âme de Janis Joplin est même invoquée dans une superbe interprétation live de son "Summertime", repris par Pauline Méreuze épaulée d'un trio créé pour l'occasion de Vincent Hulot et des deux comédiens-metteurs en scène, qui se révèlenet être aussi musiciens.
Une pièce forcément longue, mais comment condenser un roman si dense en moins de temps ?
Un spectacle qui glorifie la scène post-punk et underground parisienne avec tout ce que cela implique, les visions angéliques comme les noirceurs d'âmes. |