"David ne va pas tarder à rentrer. Et comme tous les soirs, Chelsea se demande s’il sera dans un bon ou un mauvais jour. Dès qu’il franchit le seuil, elle se sent toute petite. Pourtant, physiquement, il n’est pas particulièrement imposant, il est de taille moyenne, ce qu’il prend comme une insulte personnelle. Pourtant il est toujours fourré à la salle de sport et il dégage quelque chose qui la fait se ratatiner. A priori, sa tache est simple. Etre une bonne épouse, une mère dévouée, une compagne affectueuse. Mais chaque soir elle a l’impression de devoir traverser un champ de mines. Au fil des ans, il a instauré une multitude de règles compliquées et il en invente constamment de nouvelles".
Ce court extrait témoigne parfaitement de l’ambiance et du contenu de cet ouvrage publié par les éditions Sonatine. Il donne aussi sens à son titre, Délivrées.
A la baguette de ce thriller domestique avec une pointe d’horreur, pour un roman plutôt surprenant, se trouve une auteure américaine Delilah S. Dawson, habituée à nous proposer des ouvrages de science-fiction. Avec cet ouvrage, elle fait ses premiers pas en polar.
En apparence, Chelsea Martin mène une existence idéale. Mariée à David, son amour de jeunesse, mère de deux filles, elle ressemble à s'y méprendre à une femme comblée. Mais au sein de la maison où habite le couple, Chelsea étouffe. Pire, elle rase les murs. Une assiette sale dans l’évier, une tenue négligée, le dîner qui n’est pas prêt... Il suffit d'un rien pour soulever la terrible colère de David, assez pervers pour violenter sa famille sans laisser de traces. Chelsea est prise au piège. La situation paraît sans issue. Jusqu’au jour où une étrange épidémie fait son apparition. Ses symptômes ? De la fièvre, un excès de salive… et des accès incontrôlables de violence. Est-ce l’occasion dont rêvait Chelsea pour échapper à son triste sort et protéger ses filles ?
Encore une belle pioche chez Sonatine avec cet ouvrage qui joue sur les apparences, celle de la vie d’une mère américaine aux apparences parfaites qui dévoile au final une famille totalement dysfonctionnelle se précipitant dans une spirale de violences.
L’ouvrage témoigne donc des violences physiques, psychologiques et sexuelles que peuvent subir les femmes, de ce que peut être un mari pervers narcissique. Ce qui surprend et s’avère au final plutôt plaisant, c’est que l’auteur traite ces sujets intimes de façon très sensible avec une tonalité grinçante et provocante. On ne s’ennuie jamais en lisant cet ouvrage tant l’auteure arrive à provoquer chez le lecteur une forme d’attachement vis-à-vis de ces femmes qui souffrent. A cela s’ajoute l’histoire de ce virus, trouvaille géniale de l’auteure pour cette histoire qui devient jubilatoire.
Alors voilà, c’est encore une belle découverte que nous proposent les éditions Sonatine avec cet ouvrage capable de faire passer le lecteur du rire aux larmes avec aussi des scènes de violence qui ne peuvent laisser indifférent. Délivrées est un thriller psychologique intense qui secoue le lecteur, dans tous les sens du terme. |