C’est l’heure du premier roman pour Taffy Brodesser-Akner, célèbre chroniqueuse au New-York Magazine, appréciée pour ses portraits de célébrités au vitriol. Avec Fleishman a des ennuis, elle a connu un immense succès dès sa sortie, ce dernier devenant finaliste du National Book Award, équivalent du Goncourt aux Etats-Unis.

Et c’est un premier roman débordant d’humour piquant irrésistible qu’elle nous propose tout en nous laissant réfléchir sur la longévité de l’amour et l’égalité des sexes au sein du couple. Sa façon d’écrire, sa manière de nous raconter des histoires, ses personnages juifs m’ont beaucoup fait penser à d’autres auteurs que j’aime beaucoup, Jonathan Safran Foer, James McInerney mais aussi Jonathan Franzen et Philip Roth. Alors si avec ces références vous n’êtes pas tenté d’aller vous plonger dans cet ouvrage, je ne peux rien faire de plus pour vous.

L’histoire que nous propose l’auteure est celle d’un certain Toby Fleishman qui, après quinze ans de vie commune et deux enfants, voit sa femme le quitter. Toby doit alors accepter une vie de célibataire, une vie de père célibataire qu’il ne pensait devoir vivre, lui qui avait prévu de passer toute sa vie avec son épouse. C’est donc d’un divorce qu’il va avoir à faire, divorce qui nous est raconté de façon cocasse et inédite, divorce qui prend une tournure étrange lorsque la femme de Toby disparaît.

On va suivre alors les péripéties de Toby qui, une fois sa femme disparue, va avoir beaucoup de mal à gérer ses deux enfants, son travail de médecin aux urgences et les nombreux rendez-vous galants qu’il a depuis qu’il s’est inscrit sur un site de rencontres. Tout cela dans un univers new-yorkais qui déborde de femmes célibataires prêtes à tout pour le conquérir.

L’histoire nous est racontée par une tierce personne, Libby, une vieille amie confidente de Toby qui se permet de donner son avis sur ce qu’elle nous raconte (et qui peut de nouveau être parfois très drôle) et qui nous raconte une semaine de la vie de Toby lorsqu’il a ses enfants en garde. Une semaine pleine de péripéties autour d’un père qui fait de son mieux.

L’ouvrage construit en trois parties donne la parole dans la dernière à Rachel qui nous livre son point de vue sur la situation, éclairant le lecteur sur les raisons de sa disparition, donnant une autre dimension à l’ouvrage, beaucoup plus émotive quand les parties précédentes étaient plus sur la cocasserie et l’humour (parfois juif). Celle qui pouvait passer pour une mère indigne et une mauvaise épouse se révèlera autrement, nous faisant nous interroger sur le titre du livre qui, au départ, ne nous dit pas qui est le Fleishman qui a autant d’ennui.

Alors voilà, l’ouvrage que nous propose l’auteure pourrait être la chronique d’un divorce ordinaire, l’histoire d’un couple qui se délite mais il n’en est rien car Taffy Brodesser-Akner nous le raconte sous l’œil sarcastique d’une narratrice qui possède beaucoup d’humour, tout en nous faisant beaucoup réflechir.

Fleishman a des ennuis est une petite pépite, un ouvrage déroutant et malicieux qui pose un œil particulièrement observateur sur notre époque. Il est un premier roman totalement abouti, que je vous conseille vivement.