Venus à Rennes pour leurs études il y a une dizaine d’années, Louise Goupil et Tanguy Moaligou se lient d’amitié et deviennent colocataires, occasion de partager leurs influences à l’âge où les cultures musicales se forgent, s’affirment, s’ouvrent, se cristallisent et s’enferment aussi. Assez de terrains communs et de parcours contrastés, voilà qui sans doute contribue à expliquer comment les deux membres du duo Malade[s] se situent à distance idéale l’une de l’autre.

Tanguy est un guitariste autodidacte, passionné d’électronique, allant même jusqu’à fabriquer lui-même ses pédales d’effet. Louise a, quant à elle, un parcours académique classique (piano puis clarinette) dont elle a dérivé pour se frotter aux musiques trad (bretonnes, Klezmer et balkaniques).

Si Godspeed You !Black emperor, The Ex, James Holden ou encore Modeselektor constitue le terreau culturel commun du duo, c’est pourtant de Chapelier Fou que pourrait se rapprocher le plus la musique de Malade[s].

Malade[s] font surtout confiance à leur intuition, ne faisant pas mystère d’une démarche en partie cathartique que revêt leur création, exprimée dans le nom que s’est choisi le duo. Leur dernier EP, toute chose visible est constitué de six titres. C’est Louise qui écrit les textes de cette électro intelligente et accessible.

Portés par la voix de Tanguy puis celle de Louise dans "Sur ce chemin noir", expression en l’epèce d’une colère aveuglante qui finit par s’ouvrir sur un dénouement lumineux. Le titre "Hibou" est la pierre angulaire de leur disque, on le voit d’ailleurs sur la pochette. Deux parties se répondent sur ce titre autour d’une longue transe.

"Struggle" s’organise autour de samples interposés avec un dialogue entre deux personnes exprimant un sentiment d’oppression que chacun peut subir différemment avec la lutte pour s’en libérer. "Bang !" achève le disque avec cohérence autour d’un texte post-surréaliste et d’une transe, qui reste l’essentiel de l’album.