Conte moderne écrit et mis en scène par Aline César, avec Olivier Dupuy, Claire Lapeyre-Mazérat, Daddy Moanda Kamono, Lila Redouane, Catherine Rétoré et Stanislas Siwiorek.
La proposition de Aline César est aussi ambitieuse que hardie, d'une part, en la forme, celle du conte dystopique dans lequel, paradoxalement, elle injecte une composante fantastique et des chansons.
D'autre part, quant à la thématique, dès lors que le propos vise à la contestation du concept sociologique de déterminisme social qui serait conforté par l'adhésion aux injonctions contenues dans les proverbes, maximes et/ou dictons populaires.
Ceux-ci, pour la plupart, d'origine judéo-chrétiennes et fondés sur la notion de péché originel et de culpabilité sont véhiculés notamment par le clergé au soutien du conservatisme de l'ordre social et de classes sociales pérennes sans porosité ainsi que de l'acceptation des douleurs de la vie terrestre en contrepartie du salut paradisiaque.
Ainsi, "Aide-toi le ciel" se situe dans un futur qui peut être considéré comme relativement proche, et une société de surveillance et de contrôle foucaldienne dans laquelle les individus se débattent non seulement dans des situations contraignantes et stressantes, voire inextricables, mais subissent une violence psychologique infligée par des tiers mais également auto-infligée dès lors qu'ils se considèrent comme responsable de leur échec.
Cela commence avec un schéma simplifié dessiné à la craie sur un tableau noir et le commentaire de la topographie d'une ville-métropole ordinaire si ce n'est qu'y rode le fantôme du dernier transbordeur qui assurait le franchissement du canal qui la traverse avant la construction du pont suspendu.
Là vit une famille modeste avec deux enfants étudiants qui, pour des raisons financières, vient squatter l'appartement de la première épouse qui y vit avec son fils. Tous sont sous tension professionnelle.
Jusqu'au jour où le transbordeur se manifeste et propose à chacun d'eux un étrange troc métaphorique qui les délivre de l'emprise de croyances ancestrales en réveillant leur discernement et leur libre arbitre et aux inattendues conséquences.
La scénographie simple mais astucieuse de Catherine Teilhet rend crédible la situation, ce qui est méritoire car grande est la difficulté, et la mise en scène de Aline César, formée à l’Ecole Internationale Jacques Lecoq, mise for judicieusement sur la gestuelle et la dramaturgie du corps pour trouver le juste équilibre entre vraisemblance et étrangeté.
Investis, tous les comédiens - Olivier Dupuy (le père), Lila Redouane et Catherine Rétoré (les épouses), Daddy Moanda Kamono et Stanislas Siwiorek (les fils) et Claire Lapeyre-Mazérat (la fille) - sont justes au jeu et au chant.
Une création originale et pertinente à inscrire à l'actif de la Compagnie Asphalte qui avait déjà séduit dans un registre totalement différent avec "Trouble dans la représentation". |