Comédie dramatique de Ferdinand Bruckner, mise en scène Philippe Baronnet, avec Clémentine Allain, Thomas Fitterer, Clovis Fouin, Louise Grinberg, Félix Kysyl, Aure Rodenbour et Marion Trémontels.
A Vienne, dans les années 1920, l'effervescence libertaire des Années folles est obscurcie par la défaite de la première guerre mondiale et au désarroi moral s'ajoutent la crise économique et la montée du fascisme qui dressent un tableau sombre de l'avenir pour la jeune génération.
Telle est la toile de fond de "Maladie de la jeunesse" du dramaturge autrichien Ferdinand Bruckner qui raconte le cheminement d'un groupe de jeunes gens, étudiants en médecine et écrivain en herbe, qui, certes, naviguent entre idéalisme, cynisme et nihilisme mais surtout vivent, de manière débridée, entre alcool et véronal, leurs derniers jours d'insouciance.
La partition se décline autour du personnage héliocentrique de Marie dont la petite chambre dans une pension viennoise constitue la plaque tournante des chassés-croisés et des drames. Jeune fille studieuse, tout semble lui réussir : elle va accéder au doctorat et vit une belle histoire d'amour avec Petrell.
Mais soudain tout se délite quand ce dernier la quitte pour Irène et sa liaison saphique avec Désirée ne constitue ni une résilience ni une consolation. Simultanément, pour tous les protagonistes, les débats idéologiques et les plans sur la comète sont relégués au second plan, primés par les joutes amoureuses déclinées à la manière d'une ronde schnitzlérienne.
La pièce change alors de cap et traite moins de la thématique intemporelle du mal du siècle, maladie endémique qui affecte toutes les générations, que de la maladie de l'amour et des peines de coeur auxquelles certains ne survivront pas qui l'incline la pièce, comme souvent chez Bruckner, vers le mélodrame.
En l'espèce, celui-ci est encadré par deux scènes contemporaines surnuméraires, sans doute à vocation didactique pour en signifier l'intemporalité mais néanmoins dispensables, en prologue, une soirée entre carabins, en épilogue, un dîner de bobos
Philippe Baronnet, comédien et metteur en scène tout juste trentenaire, qui avait convaincu, séduit et placé haut la barre avec sa mise en scène de "Bobby Fischer vit à Pasadena", dirige efficacement ses cadets, nonobstant une réserve sur l'hystérisation, peut-être conjoncturelle, de quelques scènes.
Soit une prometteuse brochette de jeunes comédiens qui bénéficient de la fraîcheur et de l'énergie de leur âge : belle palette d'émotions pour Marion Trémontels dans le rôle de Marie, jeu sensible et présence affirmée pour Clémentine Allain dans celui de Désirée, puissance de Clovis Fouin en manipulateur cynique, vitalité explosive pour Aure Rodenbour en jeune femme déterminée, et justesse pour Louise Grinberg, Thomas Fitterer et Félix Kysyl. |