Monologue de Roberto Athayde mis en scène par Michel Giès avec Emilie Chevrillon.
Lors de la représentation du 2 novembre 2023, l'auteur brésilien de "Madame Marguerite", Roberto Athayde, était présent pour découvrir la prestation d'Emilie Chevrillon dans le rôle-titre . On n'ose imaginer le nombre de fois où il a assisté à ce seul-en-scène qu'il a écrit au début des années 1970.
Cette pièce, popularisée en France par Annie Girardot dans une adaptation de Jean-Loup Dabadie a, en effet, été constamment jouée depuis cinquante ans. Ecrite pendant l'une des longues périodes de dictature vécues par le Brésil, elle reste d'une modernité étonnante.
Bien sûr, on peut la recevoir au "premier degré", surtout au moment où la pédagogie scolaire clive parents et enseignants. Il est à craindre que beaucoup de spectateurs, nonobstant le jeu subtil d'Emilie Chevrillon, soient en empathie avec quelqu'un qui demande aux élèves de se taire et d'approuver tout ce qu'elle dit d'une manière péremptoire. Arrivée sur scène comme sur un ring, elle est là pour mater ses élève set afin d' y parvenir, prête à employer toutes les techniques de management et les conseils de Machiavel à son prince pour gouverner,. Prenant son public pour ses élèves de CM2, elle use de toute la démagogie possible pour le convaincre d'accepter d'être tenu avec fermeté, comme on peut se le permettre avec des enfants.
Mais cela n'a aucun autre but en soi et cela ne désigne, en fait, que la folie qui peu à peu, gagne son discours vide de sens, tautologique et visant à faire taire toute parole qui énoncerait l'évidence de son insignifiance.
Parlant d'elle à la troisième personne, usant et abusant des "Madame Marguerite", transformant son patronyme en quasi totem, elle n'est plus en train d'enseigner mais de vendre le produit "Madame Marguerite", d'en faire la démonstration dans un discours flirtant avec le discours électoral.
Dans une mise en scène dynamique de Michel Giès, sans doute assez près de ce que voulait l'auteur puisque c'est son adaptation qui a été choisie, Emilie Chevrillon, membre à part entière de la troupe de la Huchette, est plus que convaincante et n'a rien à envier à toutes les Madame Marguerite qui l'ont précédé et sans doute à celles qui lui succèderont. Elle réussit parfaitement le basculement final de sa Madame Marguerite dans une folie suicidaire.matérialisée par une danse macabre qui achève logiquement un spectacle où l'on rit tout en sachant que l'instruction que donne cette institutrice hors pair est du bois totalitaire dont on fait les dictateurs. |