On
se souvient, le siècle dernier, d'un album étonnement
touchant, La soupe à la grimace,
d'un jeune inconnu un peu malingre. Bertrand
Betsch y parlait de la vie et de l'amour, pas en héros,
juste comme tout un chacun, avec petites joies et ses grands malheurs.
Ce premier album contenait quelques incontournables comme "Passer
sous le métro" ("Je
passerais pas sous le métro, je te ferais pas ce cadeau")
ou encore le morceau de bravoure (notamment en live avec son petit
clavier aux touches cassées) "La
complainte du psycho killer" ("Si
tu savais combien ça me coûte de te tordre les doigts,
de te briser les os....").
Depuis Bertrand Betsch a fait une timide apparition en 2002 avec
les BB sides, sorte de compilation hommage
en demi teinte, reprenant faces B et chansons de ses artistes préférés,
de Dominique A à Lou
Barlow, en passant par Leonard Cohen.
Un peu perdu de vue, son label Lithium ayant
entre temps cessé momentanément ses activités,
lui-même ayant eu des problèmes de voix, ce fût
donc une surprise que de revoir resurgir un disque de Bertrand Betsch,
cette fois ci par l'intermédiaire de Labels.
Et quelle bonne surprise puisque Pas de
bras, pas de chocolat est largement à la hauteur de
La soupe à la grimace et plus si affinités !
D'abord le titre, vieille blague qui fait toujours recette et qui
pour le coup est parfaitement adaptée au texte de la chanson
titre. Une sombre histoire d'amour façon "With
or Without you" de U2 en
beaucoup plus cynique et drôle ("Je
peux vivre sans toi, je peux vivre sans bras, mais ... pas de bras
pas de chocolat"). Chanson Titre d'ailleurs en double
exemplaire sur ce disque puisqu'il y a une version classique et
une version disco parfaitement tubesque au demeurant.
On retrouve donc ce qui nous avait touché dans son premier
disque. Le cynisme, l'humour noir et désabusé d'un
homme sensible et fragile.
Ainsi, en dehors de l'exercice de style sans complexe (peut être
décomplexé d'ailleurs après les reprises de
BB Sides) qui lui fait écrire des morceaux raggae aussi bien
que plus folk ou carrément rock voire fanfare (je vous laisse
découvrir par vous même chaque morceau), Bertrand Betsch
de sa plume aiguisée nous administre quelques petites vérités
sur l'existence, comme dirait Fred Vargas.
Ainsi "Lundi c'est maladie"
ou "L'important c'est de participer"
sont autant de complaintes, d'état des lieux de lui même
mais aussi des autres que le laissent augurer les titres ("Peu
importe que t'es une vie de merde, l'important c'est de participer").
"Les mots ont leur importance"
chante Bertrand et il sait de quoi il parle. Non seulement ils sont
musicalement bien enrobés sur ce nouvel album mais les mots
de Betsch sont parmi les plus inspirés de la chanson française
qui se respecte.
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