Drame de Goerg Büchner, mise en scène de Pierre-Yves Bon, avec Liza Machover, Lucien Duntze, Adrien Bourdet, Gaspard Lembeye, James Borniche, Simon Le Fouest en alternance avec Florent Hu, Dimitri Jeannest, Clément Perdereau et Pierre-Yves Bon.
Avec "La Mort de Danton", "Woyzeck" est l'oeuvre de Georg Büchner la plus célèbre. Adaptée d'un fait-divers de l'époque, elle conte l'histoire du soldat Woyzeck qui tua sa maîtresse.
Disparu à 24 ans, en 1837, Büchner n'a écrit que des fragments de son "Woyzeck", laissant ainsi toute latitude à tous ceux qui ont cherché à la mettre en scène pour lui donner son sens définitif.
C'est donc un "classique" bien spécial dont Pierre-Yves Bon et le Collectif La Cantine, dont on a pu voir récemment une version de "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes" de Fassbinder, se sont emparés.
Pour marquer la modernité du texte, ils ont décidé de situer "Woyzeck" en 2091. Ce parti-pris futuriste cohabite étrangement avec des tenues militaires rappelant celles de la Première guerre mondiale.
Il a surtout son importance dans la métamorphose du médecin qui fait des expériences sur "Woyzeck", en savant presque fou, enfermant le soldat à la triste figure dans un carré transparent et le soumettant à des impulsions électriques. On ne peut alors que penser aux médecins de la mort de l'ère nazie.
Evidemment, quand on a en tête Klaus Kinski, qui jouait Woyzeck dans le film de Werner Herzog avec la tête d'un écorché vif quadragénaire, il est difficile de voir un acteur moins expérimenté reprendre son rôle.
C'est sans doute le défi principal auquel est confronté Pierre-Yves Bon : comment rendre toute l'âpreté d'une pièce écrite par un jeune homme aussi malheureux que son héros et qui, paradoxalement, nécessite peut-être des acteurs très aguerris pour rendre crédible cette jeunesse misérable et désespérée.
Reste, comme à chaque fois dans les propositions du Collectif La Cantine, une belle énergie et une envie de ne pas se contenter d'emprunter des chemins balisés.
Ce qui en ressort est une version cohérente qui ne souffre pas trop de se situer dans le futur et qui, sans revisiter "Woyzeck", en fait une pièce ni datée ni inutile qui mérite d'être vue. |