En 2019, au cours d’un vol Paris-Montréal, je profitais des quelques heures de vol pour découvrir avec quelques semaines d’avance la future parution de l’ouvrage Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Très vite, je voyais dans cette lecture l’une de mes plus belles de l’année, sensation qui se confirma vite par l’obtention du prix Goncourt pour ce livre incroyable, prix amplement mérité.
J’étais donc particulièrement impatient de retrouver cet auteur que j’apprécie tant pour un nouvel ouvrage. 5 ans d’attente donc pour enfin avoir entre les mains L’origine des larmes, la nouvelle petite pépite de Jean-Paul Dubois, auteur à l’imagination débordante.
Dans ce nouvel ouvrage, Paul, le personnage principal a commis l’irréparable, il a tué son père. Seulement voilà : quand il s’est décidé à passer à l’acte, lui tirer une balle dans la tête, Thomas Lanski était déjà mort, de mort naturelle. Paul est déboussolé, il ne faudra pour lui pas rien de moins qu’une obligation de soins pendant un an pour démêler les circonstances qui ont conduit Paul à ce parricide dont il n’est pas vraiment l’auteur.
L’origine des larmes est donc le récit que Paul confie à son psychiatre : l’histoire d’un homme blessé, qui voue une haine obsessionnelle à son géniteur, coupable à ses yeux d’avoir fait souffrir sa femme et son fils tout au long de leur vie. L’apprentissage de la vengeance en quelque sorte.
Dans un premier temps, l’ouvrage nous raconte l’histoire de Paul qui perd sa mère et son frère des son plus jeune âge. Il nous parle de son géniteur, une sorte de psychopathe qui se remarie avec Rebecca, une femme d’affaire qui détient une usine qui fabrique les housses pour envelopper les cadavres.
La suite concerne la thérapie de Paul. Une douzaine de séances auprès du docteur Guzman (une sorte de psy commis d’office) dont l’œil droit pleure quasi en permanence du fait d’une maladie, une sorte de conjonctivite aigüe. Paul va se livrer en très grande partie. Il va dérouler sa vie, celle de son père et de sa belle-mère Rebecca.
A cela s’ajoute une période climatique particulière, se déroulant en 2031. La météorologie fait des siennes depuis deux ans, basculant Toulouse dans des crues incroyables qui succèdent à une longue période de sècheresse. Dubois nous propose donc un ouvrage ou la mort et l’eau sont omniprésents (dans les crues de la Garonne, bien que dans les larmes du psy et dans les émotions qui se dégagent de la lecture).
Mélange d’humour et de mélancolie, ce roman peut se lire comme une comédie noire ou un drame burlesque. Ou les deux à la fois. C’est un magnifique roman que nous propose Dubois, époustouflant par son écriture, son auto dérision et la réflexion qu’il engage avec le lecteur. Un pur régal de lecture au final, comme tous les ouvrages de Jean-Paul Dubois. |