Opérette de Maurice Yvain, Henri Falk et Jacques Bousquet, mise en scène de Pascal Neyron, avec Amélie Tatti, Philippe Brocard, Lara Neumann, Marie Lenormand, Julie Mossay, Aurélien Gasse et Charles Mesrine accompagnés par l'Orchestre des Frivolités Parisiennes.
Dans la brillante histoire de l'opérette de l'entre-deux guerres mondiales du siècle passé, domine un couple génial : Albert Willemetz, parolier et auteur de ce qu'on nomme dans le genre les lyrics, et Maurice Yvain, compositeur et mélodiste hors pair.
De leur collaboration naîtra, outre des chansons devenues des tubes universels comme "Mon Homme", des chefs d'oeuvres tels "Ta Bouche", "Là-haut", "Phi-Phi".
Mais l'un des membres de ce couple de créateurs mythiques et prolifiques pouvait commettre parfois des infidélités à l'autre. C'est le cas de Gosse de riche où Maurice Yvain travaille avec deux autres librettistes, Henri Falk et Jacques Bousquet.
C'est cette opérette réjouissante et drolatique que ressuscite avec son talent habituel son metteur en scène Pascal Neyron, aidé largement par l'orchestre des Frivolités Parisiennes.
Pendant presque deux heures, on ne va pas s'ennuyer une seconde. Certes, avec un petit bémol : pas de grands airs que l'on a envie de voir bisser. Falk et Bousquet, il faut le reconnaître, sont bien en dessous d'Albert Willemetz et l'argument de "Gosse de riche" est assez léger, voire idiot. D'ailleurs, une fois la représentation achevée, on perd vite le souvenir de cette histoire d'amants et de maris, vrais et faux. On ne retient que les noms des personnages : la baronne, la famille Patarin... et évidemment la musique de Maurice Yvain.
Si les personnages sont caricaturaux, cela n'empêche pas les chanteurs-acteurs de leur donner de la consistance, de ne pas les traiter par dessus la jambe. Il faut dire aussi que l'écrin qui les abrite et les met en valeur est particulièrement soigné. De la scénographie de Camille Duchemin aux costumes de Sabine Schlemmer, c'est toute une équipe technique qui oeuvre pour donner ses cinq étoiles à "Gosse de riche".
Même les transitions entre chaque acte font l'objet d'un joyeux intermède façon Festnoz qui met en transe un public averti qui a compris qu'on peut être mélomane et louer la musique de Maurice Yvain, qu'Arthur Honegger considérait comme un "grand petit maître".
Le remettre au goût du jour n'est donc pas une mauvaise idée. Récemment, Les Frivolités Parisiennes ont aussi remonté sur scène l'opérette Ô mon bel inconnu écrite par Sacha Guitry sur une musique de Reynaldo Hanh.
C'est tout un genre qu'il faut désormais revisiter, et ne pas limiter à Offenbach pour le meilleur et Francis Lopez pour le pire. Cela promet d'autres belles soirées joyeuses tout au service d'une musique bien loin d'être du second choix. |