Pour tout te dire, au départ j’avais prévu d’écrire une chronique avec une petite dose d’humour, parce que le titre de l’album le citron hanté m’a fait sourire et parce que le premier titre "My Little Mushroom (Not the drug)" l’a prolongé.

Et puis j’ai lancé le disque et là, je n’avais plus envie de rire. J’ai été littéralement happé par la voix d’Heeka, douce, avec un peu de gravier parfois, comme je les aime. Des guitares folk ou plus électriques comme sur "The Blue Door", titre presque stoner de mon point de vue (chacun colle l’étiquette qu’il souhaite où il le souhaite) et qui part en titre presque punk.

Et là j’ai pensé : et dire qu’elle se destinait au cirque et à la voltige. Nous aurions loupé cette artiste et cet album. Elle sort un EP en 2020, puis enregistre ensuite, dans la solitude de la campagne près de Montpellier, au Studio Briat et au Mirador Sound Studio l’album que j’écoute en ce moment encore : The Haunted Lemon.

Elle souhaitait que le fil rouge de l’album soit sa voix, douce, fragile, puissante et envoûtante. Elle a utilisé des instruments classiques et d’autres plus inattendus, juge plutôt : percussions avec des talons de chaussures, des dessous de plats coincés entre les marteaux et les cordes du piano, des bouts de bois tapés sur un bureau, le grincement d’une porte, un téléphone qui sonne et même une bougie qui fond.

Le résultat est splendide, quoique déconcertant parfois, ou plutôt déstabilisant comme le titre éponyme, troublant pour celui qui comme moi aime les grosses guitares, mais d’une beauté absolue.

The Haunted Lemon est un album qui s’écoute, se ressent plus qu’il ne se raconte.