Comédie familiale de Sacha Danino mise en scène par Ned Grujic, avec Dominique Bastien, Juliette Galoisy, Alexandre Guilbaud et Thomas Marceul.
Pas la peine de rappeler tous les succès obtenus par Sacha Danino avec son alter ego Sébastien Azzopardi. Cette fois, le dramaturge est seul mais, on est vite rassuré, il a trouvé un "partenaire" encore plus célèbre que son co-auteur favori, puisque c'est à Sacha Guitry qu'il rend hommage dans cette pièce légère dans sa forme, maligne dans son fond.
Oh ! Il n'est pas le premier, mais lui, contrairement à bien d'autres, a su trouver le ton juste. "Son" Sacha n'est pas une caricature. Le metteur en scène Ned Grujic n'a pas demandé à son comédien (Thomas Marceul) d'imiter la voix du "Maître", simplement d'en reprendre le phrasé et de soigner sa gestuelle, sans tomber dans l'emphase de grands mouvements de bras. Dans le beau costume blanc que lui a attribué Magali Perrin-Toinin, il est à la fois élégant et un peu fantomatique, ce qui convient bien à ce qu'a cherché Sacha Danino. Dans "Sacha contre Guitry", les Guitry père et fils ne sont pas "vivants" mais sortent d'un livre lu par le héros, ce qui entraînera quelques gags bien dans l'esprit taquin de Sacha Danino, comme celui du marque-page ou des pages qu'on tourne...
L'idée-force de l'auteur aura été de créer un héros, Alexandre (tiens tiens) joué par Alexandre Guilbaud$, qui lui aussi est en conflit avec un père qu'il vénère et aux yeux duquel il croit passer pour un raté. Pour comprendre la situation, il fera fi de la psychanalyse et prendra pour modèle les Guitry, avec pour base "Mon père avait raison", l'un des textes écrits par Sacha pour Lucien. On l'a dit, Sacha Danino est plein d'astuce. Avec en mains, du pur Guitry, il peut décrire la situation des uns et des autres (Dominique Bastien jouant les deux pères) sans avoir besoin d'écrire des scènes "à la manière de".
Constamment amusant sans avoir besoin de déclencher rires sur rires, "Sacha contre Guitry" peut être vu autant par les "Guitry-olâtres" que par ceux qui ignoraient tout de l'acteur et peut-être même du réalisateur. Les acteurs sont tous épatants, notamment Juliette Galoisy, chargée de jouer tous les rôles féminins, qui sait nourrir toutes ses courtes apparitions. La fin est pleine d'émotions et l'on doit aussi saluer l'ingéniosité d'une scénographie presque évidente d'Olivier Prost , permettant à de multiplier les beaux effets de lumière d'Antonio De Carvalho.
Une pièce qui passe à l'heure de l'apéritif mais qui allie la rigueur et la fantaisie des spectacles qui vont durer et qui, plus tard, seront souvent repris
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