Marx Attack
(Chapter Two / Wagram Music) mars 2018
Je parle russe, un peu. Je sais dire j’ai soif (Vodka !). Et à moi aussi, la Russie évoque le nouveau Lénine, (mystérieusement re-re-élu alors que personne n’a voté pour lui, c’est dingue ça, on a dit la même chose de notre bon vieux François H en d’autres temps), et le grand Méchant Raspoutine.
John Lénine (Toma de La Caravane Passe) et Sylvester Staline (RWan de Java) récidivent en costume de Soviet Suprem sur leur seconde collaboration Marx Attack. Quel toupet ! dirait mémé dans les orties. Et oui, ils l’ont fait, avec l’insolence que le second degré donne aux propos les plus délicats.
"Allons enfants de la patrie / le jour des tsars est terminé / contre nous de la tyrannie / l’étendards sanglant est levé, marchons marchons / formez vos postillons / qu’un sang impur et rouge abreuve nos sillons" ("Couic-Couic") sur un air connu.
Frôlant le blasphème parfois, frisant le sacrilège souvent, Soviet Suprem reste sacrément intelligent dans ses propos. Notamment grâce à une parfaite maîtrise des assonances de la langue, leur permettant d’enchaîner les rimes comme les batteurs enchaînent les conquêtes, mais aussi avec un art de la rime marié avec un débit verbal à s’en syncoper les labiales.
Marx Attack donne de furieuses envies de manifester ses envies de borchtch à poil dans la forêt. Sylvester Staline et John Lénine ne se contentent pas d’arborer des médailles au revers de leur veston en poils d’endémiques sibériens, ils portent l’humour en bandoulière et profanent les stakhanovismes des grandes ondes.
Ambassadeurs de casatchok électronique et de trompettes, entre accélération du sirtaki et envolées du Bolchoï, Soviet Suprem hip-hop hop hop ses rythmes, un peu comme si l’Armée rouge retirait enfin la poutre coincée entre leurs joues, et le folklore balkan ne se nourrissait plus que de ciboulette fermentée. Sérieux, ça dézingue.
Dingues et malins, les compères font bouillonner les neurones des genoux, provoquant une ébullition anti statique de la moelle épinière, asservissant la myéline qui se compresse irrémédiablement autour des nerfs spinaux dans le seul but de provoquer une révolution dans ton body qui se balance deci delà droit vers le putch.
Hymne capitaliste, "T’as le look coco" sabre à la fois les diktats monotones et quotidiens empreints de superficialité et prône l’hédonisme d’une franche rigolade : "look cocoréen rasé sur les téco / look cocochinois avec un cocol Mao / sous ton casque cocolonial / t’as le look cocomercial".
Allez les cosaques, tous au goulag, mangeons du rutabaga flambé à la vodka, puis on ira jouer de la faucille derrière le rideau de fer avec DJ Croute Chef. Magnifigantesquement jubilatoire.
L'été approche et avec lui la pénurie de sorties en tout genre mais d'ici là, on fait le plein !.
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