"Ecoute ! Ecoute ! C’est moi, c’est l’ondine qui frôle de ces gouttes d’eau ces losanges sonores de la fenêtre illuminée par les mornes rayons de la lune, et voici, en robe de moire, la dame châtelaine qui contemple à son balcon la belle nuit étoilée et le beau lac endormi".

Fin connaisseur du répertoire français, des œuvres de Claude Debussy, César Franck, Gabriel Fauré, c’est avec un véritable plaisir que nous suivons Michel Dalberto poursuivre son cycle consacré à la musique française. Plus particulièrement dans ce disque avec Maurice Ravel : Sonatine, Valses nobles et sentimentales, Gaspard de la nuit et Miroirs (amputé de manière assez étonnante et presque rédhibitoire de deux mouvements).

Il y a chez le pianiste français une élégance, une musicalité et une certaine tempérance. Une fermeté, une rigueur presque mais qui convient parfaitement dans l’interprétation de la musique de Ravel. On retrouve une netteté, un éclat et un jeu naturel qui trouve toute sa place dans les textures ravéliennes. C’est assez frappant dans Gaspard de la nuit et dans les Valses nobles et sentimentales aux reflets ici très sombres. Michel Dalberto se montre comme un digne successeur de son maître Vlado Perlemuter, fin interprète et proche de Ravel, avec une compréhension fine, une réflexion sur le répertoire de Ravel, un jeu pointilliste, perlé presque, une dynamique et une rhétorique.

L’intelligence, la culture, l’élégance du jeu au service de l’élégance de l’écriture.