Réalisé par Paul Lacoste. France. Documentaire.
1h30. (Sortie 14 mars 2012).
La gastronomie engendre un paradoxe cinématographique : elle est plus souvent un sujet de fiction que de documentaire.
Du "Festin de Babette" à "Comme un chef", la cuisinier est devenu un personnage propice en général à des comédies. Mêmes les critiques gastronomiques sont présents, de Louis de Funès dans "L’ale à la cuisse" à Denis Ménochet dans "Les Adoptés".
Mais, cette année, après un documentaire très anxiogène, dans lequel Xavier Denamur dénonçait avec beaucoup d’arguments "La République de la malbouffe", voilà enfin un film qui parle de la gastronomie comme un art en suivant au rythme des quatre saisons les Bras père et fils, qui portent haut le flambeau de la création culinaire.
Paul Lacoste s’est intéressé au destin de Michel (le père) et de Sébastien (le fils) qui, par la magie de l’art culinaire sont passés d’un petit hôtel-restaurant familial, le "Lou Mazuc", à Laguiole, dans l’Aveyron, à la direction du "Suquet" sur le plateau de l’Aubrac, trois étoiles au Guide Michelin, en créant une cuisine chatoyante avec des assiettes pleines de végétaux, en cherchant encore et toujours les mélanges les plus harmonieux en bouche. On voit ainsi élément par élément la minutieuse composition de la spécialité des Bras, le fameux "gargouillou de jeunes légumes".
Le passionnant documentaire de Paul Lacoste traite d’un moment crucial dans la vie de la famille Bras : celui de la transmission. Sébastien succède à Michel : il lui faut gérer à la fois une entreprise internationale, puisque "Le Suquet" a été cloné au Japon, dans un endroit d’une beauté aussi folle que l’original, et également démontrer qu’il a hérité l’étonnante créativité culinaire de son père.
On le suivra tout au long du film dans la recherche d’une nouvelle recette... et la confronter au goût hors pair de son père. Suspense garanti et belle leçon d’entente familiale à la clé !
"Success story" à l’Aveyronnaise, le destin des Bras a un côté conte de fées qui fait tout le charme du film beau et minutieux de Paul Lacoste. Les paysages sont magnifiques et tout dans les assiettess de Sébastien ont la blondeur rêvée, sont fins musiciens et connaissent leur arbre généalogique et l’origine de tout leur bonheur. Nul doute qu’ils ne seront jamais des "fils à papa" et seront bien élevés pour faire croître et embellir ce petit paradis en Aubrac.
Si l’Olympe a un équivalent actuellement sur terre, il faut rendre grâce à Paul Lacoste et à son documentaire qui file la pêche de nous avoir prouvé qu’il se trouvait sur le plateau de l’Aubrac si magnifiquement filmé au gré des saisons.
Reste à trouver assez d’euros pour un jour futur faire partie des patrons du Cac 40, des mafieux russes et des politiciens de toutes les couleurs de poils qui peuvent se rendre au "Suquet" s’empiffrer, pardon se délecter, d’un "gargouillou de légumes" signé par les Bras. |