La dernière fois qu'on a échangé, mise à part à Sury-Le-Comtal cet été, c'était en juin 2018.J'aimerais que tu nous racontes un petit peu ce qu'il s'est passé depuis juin 2018, pour ceux qui n'auraient pas suivi de près.

Un événement incontournable, c'est qu'on a tous été confinés à la maison.

Alors, il y a plusieurs choses. Avant d'être cloisonné, on avait le projet de partir en Chine pour aller faire une série de concerts là-bas. Et ce projet est tombé à l'eau, inévitablement, comme tu peux l'imaginer.

Et la deuxième chose, c'est que durant le confinement, on s'est retrouvés coincés les uns éloignés des autres. Distanciation sociale, ce qui ne nous correspond pas, puisque on avait l'habitude de se voir régulièrement, ne serait-ce qu'une fois par semaine, pour pratiquer, jouer, ou être sur la route. On avait dans notre besace une dizaine de morceaux qui étaient écrits, que l’on devait enregistrer en studio.

Ça a été annulé. Et en même temps, on s'est dit qu'on ne pouvait pas rester comme ça, combien de temps ça allait durer, on ne savait pas trop. Et donc, on a décidé de se confronter aux nouvelles technologies et d'enregistrer un titre, chacun avec nos logiciels d'enregistrement.

Pour nous, c'était une première, parce que Shaggy Dogs, c'est de la musique live, qui se joue ensemble dans une même pièce, qui s'enregistre ensemble dans une même pièce. Et là, on était éloignés les uns des autres. Donc, tu imagines que ce n'était pas du tout quelque chose d'habituel pour nous.

C'est un exercice périlleux et difficile. Et on a mis un bon nombre de semaines à comprendre comment marchaient ces interfaces, à régler les problèmes de latence, par exemple, entre le moment où tu enregistres et le son qui en sort, pour arriver à tout caler. Et puis, on a réussi à mettre dans la boîte ce premier titre. On s'est dit pourquoi pas continuer. Avant de rentrer initialement en studio, on avait contacté un producteur anglais, Sam Miller, qu'on connaissait en tant que producteur de Temperance Movement.

À l'arrivée du Covid, on lui a dit que l'enregistrement de l'album était pour l'instant reporté. Et donc, on lui a soumis ce premier titre. Il l'a produit et mixé depuis Londres, où il était. Et on a trouvé ça top. Et on s'est dit, pourquoi pas continuer, essayer d'en enregistrer d'autres. Donc, on a enregistré quatre autres titres comme celui-ci, sur lesquels on a fait intervenir deux guests, à distance aussi. Un vieux pote à nous qui s'appelle Eric Slim zahl, qui est un guitariste norvégien avec qui on a tourné, et qui est venu poser sa voix et sa guitare sur un slow blues qui s'appelle "The One We Know It All". Et puis, on avait aussi contacté un saxophoniste américain, peut-être que tu connais, qui s'appelle Sax Gordon Biddle, qu'on voit souvent en Europe et beaucoup en France, qui est un super saxophoniste, et en même temps un vrai showman, frontman, et qu'on a fait aussi jouer sur un titre.

Donc, on s'est retrouvés avec cinq titres, produits et mixés par Sam Miller avec deux guests, et au sortir du Covid, on l'a sorti et promu. (NDLR : Sorry For The Delay). On a commencé à le défendre sur la route. Et puis, notre batteur de l'époque, Guillermo, a eu le projet de partir à l'étranger. Et donc, on s'est mis en quête d'un nouveau batteur que tu as vu la dernière fois quand tu nous as croisés, Vince, qui est là avec nous depuis.

Donc, on a remonté ce répertoire, et on a continué à explorer le monde qui nous entoure, donc on a pas mal tourné à l'étranger. Et en même temps, on a travaillé ce nouvel album qui vient de sortir, que tu connais aussi, avec les titres produit ce coup-ci par Nick Brine, toujours un Britannique, un Gallois. C'est le gars qui travaille au Rockfield Studios, studio réputé au pays de Galles dans lequel ont enregistré Queen, Led Zeppelin, pour ne nommer que ceux-là. Il a participé au premier album d'Oasis, par exemple. Il a un CV avec une pléiade d'artistes de renom. Moi, j'aimais bien le boulot qu'il avait fait pour différents groupes comme Thunder, Quireboys, Seasick Steve.

Et donc, on a contacté ce gars-là, et c'est la première fois qu'on a eu vraiment un producteur qui s'est investi réellement dans la création de ce qu'on faisait. Jusqu'à maintenant, tous les producteurs qu'on avait eus, même si, au départ du deal, disaient qu'ils allaient le faire, ils ne le faisaient pas vraiment. Ils faisaient surtout le mix et la production du disque en tant que tel. Lui, il est vraiment venu en amont et nous a permis de retravailler des titres qui ne sont pas restés pas comme lorsqu'on les lui a présentés.

J'ai enregistré un autre changement, c'est que sur scène, maintenant, vous avez deux cuivres.

Comment puis-je oublier ça ? Les deux cuivres sont arrivées chez nous, à savoir Freddy et Nicolas, depuis un an. Sur l'album qu'on vient de sortir (NDLR : Pinball Boomers), il y a des arrangements de cuivres qui ont été faits par un Anglais.

On a eu une année pour préparer la sortie. Et on s'est dit, il faut défendre ce disque avec des cuivres. Donc, on s'est mis en quête de deux soufflants. On a rencontré Nicolas à travers un autre groupe qui s'appelle Freddy Miller, dans lequel il joue aussi. On l'a branché. Notre projet lui a plu. Il s'est acoquiné d'un tromboniste avec qui il avait joué par le passé. Maintenant, les Horns Shuffle Demons font partie intégrante des Shaggy Dogs. Nous sommes maintenant sept sur la route ce qui change un peu la donne parce que c'est un projet qui est lourd à porter en termes de logistique, comme tu peux l'imaginer. Mais c'est un vrai plus pour nous et le public. On a pris la décision de continuer ainsi.

J'ai trouvé que, musicalement, ça apportait du plus. Et même scéniquement, on sent qu'il y a une connivence et on sent ce petit truc qui est naturel sur scène.

En tout cas, c'est ce qu'on nous rapporte à chaque concert. Et c'est vrai qu'ils sont un peu plus jeunes que nous. Nous, on a 35 ans, comme tu as pu le voir (rires).

Bien sûr, comme moi !

Ils ramènent une vraie fraîcheur dans le groupe. Et ils ont compris tout de suite l'esprit qu'on voulait mettre dans cette musique. Une musique de partage, de fête. Ils se sont complètement intégrés, avec aisance, comme des poissons dans l'eau.

Autre nouvelle au niveau du groupe, c'est que Toma, votre bassiste, qui est un des fondateurs, a pris sa retraite.

Oui, Tomas a décidé de mettre un terme au projet Shaggy Dogs. Pour des raisons qui lui appartiennent. Ça a été un virage, pour nous, difficile à prendre. Et à accepter. Comme tu l'as indiqué, avec Jacker (NDLR : guitare) et moi-même, il fait partie des membres fondateurs du groupe. Au-delà de la musique, ce sont près de 30 ans de vie sur la route. Sur et en dehors de la scène. On n'efface pas ça comme ça. C'est un choix réfléchi pour lui, qu'il avait mûri depuis un petit bout de temps. Il a pris cette décision. Peut-être qu'il reviendra un jour avec nous sur scène, pour un gig, ou pour une participation sur un moment spécial. En tout cas, on lui souhaite plein de belles choses, pour les longues années qu'il a encore devant lui.

Et vous avez trouvé un nouveau bassiste.

Oui, on en a auditionné pas mal. On a jeté notre dévolu sur Tony Garcia, qui connaît le groupe depuis un bout de temps, qui aimait notre musique, et qui n'était plus dans un groupe à plein temps. Il a tout de suite adhéré au projet. Ma foi, on a fait déjà un premier gig avec lui, qui s'est très bien passé. Maintenant, il n'y a plus qu'à huiler le moteur, et à l'intégrer définitivement.

Il y a une question que je ne t'ai pas posée il y a 7 ans : on va imaginer pendant 5 minutes que tu tombes sur un harmonica magique. Et cet harmonica magique, quand tu en joues, te permet d'aller soit en studio, soit sur scène, avec l'artiste de ton choix, qu'il soit vivant ou mort. J'aimerais savoir avec qui tu aimerais jouer.

Un qui est facile et que tu peux imaginer, on va se reposer fin 70, on se retrouve en Angleterre, et je suis sur scène avec Dr Feelgood, avec à ma droite Lee Brilleaux et à ma gauche Wilcko. Ça, ça m'aurait bien plu.

Il y a plein d'artistes. J'écoute tellement de choses, c'est difficile ta question. On va rester là-dessus, sur Dr Feelgood !

On va quand même parler de l'actualité, puisque cette année, vous avez sorti un magnifique album.

Tu l'as ? C'est fou ! T'es pistonné.

J'ai même, le picture, et dédicacé en plus.

Ah oui ?

Il paraît que j'étais dans les premiers à l'avoir.

Tout à fait.

J'aimerais que tu nous en parles un peu plus, parce que vous faites pas mal de concerts, vous le défendez sur scène. Il y a eu, on en a parlé, l'intégration des cuivres, et les paroles sont toutes de Laurent Bourdier.

C'est notre parolier depuis de nombreux albums. C'est le directeur programmateur d'un festival qui s'appelle le Buis Blues Festival, sur lequel une part d'entre nous sommes bénévoles. C'est le huitième membre, c'est le cinquième membre caché, puisqu'il était déjà là avant que Ben n'arrive.

C'est notre partenaire inséparable, avec qui j'échange très régulièrement, pour ne pas dire toutes les semaines ou presque parfois tous les jours, à certaines périodes. On voit la vie de la même manière, la même façon, le monde qui nous entoure, ses turpitudes, ses joies, ses rêves. On collabore facilement, parfois j'écris un refrain, parfois j'ai une idée de couplet, et parfois je n'ai rien du tout, ou j'ai juste une thématique dans la tête, et à chaque fois avec Laurent ça matche.

C'est quelqu'un qui est en même temps prof d'anglais à la fac, complètement bilingue. Je parle correctement l'anglais, mais je ne suis pas bilingue. Et c'est beaucoup plus facile de travailler avec quelqu'un comme lui, parce que les textes sont crédibles. On évite les niaiseries dans Shaggy Dogs. C'est facile de se cacher derrière une langue comme l'anglais pour en écrire. Moi je n'ai pas envie de ça. On est prétentieux peut-être là-dessus, mais je l'assume, on revendique des textes avec du fond, et avec des sujets qui font sourire, ou parfois qui sont graves, mais c'est toujours traité avec un peu de distance et un peu de légèreté.

Et comme tu le disais, ce qui est important c'est que ça soit bien écrit, sans remettre en cause tes talents en anglais ! Je trouve que c'est d'autant plus louable de dire, on va prendre quelqu'un qui est prof de fac, et qui va nous faire des beaux textes !

Oui, tout à fait, en tout cas, moi j'en suis intimement convaincu, et puis, il y a toujours cette empreinte sociétale, des textes à consonance sociale, pour moi c'est important de distiller des petits messages à droite à gauche, on ne va pas révolutionner le monde, mais si ça permet à un moment donné, à certains ou certaines, de se poser, de réfléchir sur ce monde qui nous entoure, tant mieux, on aura porté notre pierre à l'édifice. C'est magique et c'est rare. C'est une collaboration qui fonctionne parce qu'il y a cette même vision du monde.

Alors, je vous ai enfin vu sur scène. Est-ce que tout ce que vous proposez est pensé pour la scène ?

Oui, c'est vraiment tourné vers la scène. Alors, en même temps, sur chaque album, il y a toujours des titres qu'on ne va pas jouer sur scène, parce qu'au final, on se rend compte que ce ne sont peut-être pas des morceaux taillés, pour le live, en tout cas.

La différence avec tous les autres albums, c'est que tous les titres, excepté un, qui s'appelle "Go and Run", on les a confrontés à la scène un an, au minimum, avant de rentrer en studio. Ce qui fait qu'on savait exactement où on allait avec Nick, et on savait que ces morceaux fonctionnaient en live. Et aujourd'hui, on les joue tous, à l'exception, pour l'instant, de "Go and Run" qu'on va mettre très rapidement dans le set, mais voilà, c'est la première fois qu'on joue autant de morceaux d'un nouvel album.

Ça veut dire que c'est pour ça que vous répétez systématiquement, ensemble. Toi, tu as testé les deux, la compo et la répétition tous ensemble, et la compo et la confrontation des titres, en numérique, chacun dans son coin, et le fait de jouer ensemble, tu penses que ça améliore nettement la manière dont vous appréhendez les morceaux ?

C'est indéniable. La connivence que chacun note chez nous, elle vient de là. Il y a des automatismes, il y a des regards, il y a des positionnements du corps, il y a tout ça. On sait où chacun va, où il veut aller, il n'y a pas besoin de se parler, il n'y a pas d'hésitation là-dessus. Et ça, c'est parce qu'on a aujourd'hui 27 ans de route en commun, en tout cas Jacker et moi, jusqu'à très peu Tomas. Ben (NDLR : claviers), ça fait maintenant plus de 10 ans qu'il est là. Vince (NDLR : batterie), ça va faire 3 ans et demi. Et donc, c'est vrai que la scène forge tout ça. A contrario, moi, je vois des groupes qui ne répètent pas et qui sont plus les yeux rivés sur des partitions, sur des tablettes. Alors, ça joue, mais il ne se passe rien de mon point de vue. Il y en a beaucoup malheureusement. 

Toi et moi, on est issus, je pense, de la même génération, c'est-à-dire la génération X. Celle qui a dû faire sa discothèque successivement en vinyle, cassette, CD, MP3 puis de nouveau en vinyle. Et je me demandais comment tu vivais ce virage numérique avec un peu plus de recul. On en avait parlé il y a 7 ans, mais comment tu le vis aujourd'hui ? Comment tu vis les réseaux sociaux ? Vous avez intégré cette donnée dans Shaggy Dogs ?

Je vais parler en mon nom, parce que je pense que tout le monde ne partage peut-être pas la même vision chez Shaggy Dogs, mais en tout cas, ils n'utilisent pas les réseaux sociaux de la même manière. Moi, j'utilise beaucoup pour la promotion du groupe et pour trouver des dates de concert.

Le passage au numérique au niveau de la musique, au départ, j'étais un peu dans la résistance et un peu comme un vieux con, j'étais : "ah non, ce n'est pas bien, la musique doit être gravée sur un objet vinyl ou CD". Et puis, je suis petit à petit venu aux distributeurs de musique que sont les Spotify et autres Deezer. Aujourd'hui, je vis avec et je consomme. Je consomme beaucoup, mais ça me permet de continuer à alimenter ma curiosité. Il y a tellement pléthores de groupes dans le monde que sans cet outil-là, je ne découvrirais pas quotidiennement des tonnes et des tonnes de musique. Je découvre plein de groupes super, des artistes vraiment super. Il m'arrive régulièrement quand j'aime vraiment beaucoup d'acheter soit un vinyle ou soit un CD, plus un vinyle aujourd'hui. Je reviens au vinyle. J'avais déjà ma collection de base, mais qui continue à s'agrandir.

Alors oui, les plate-formes ne sont pas rémunératrices pour les artistes. Oui, ces gros distributeurs s'en mettent plein les fouilles. Je suis d'accord. Mais à notre niveau, de toute façon, ça ne change pas grand-chose dans la mesure où l'on n'a pas non plus des millions de followers sur Spotify ou sur Deezer. Par contre, ça permet de diffuser notre musique à l'autre bout du monde. On a régulièrement des gens qui nous écrivent de pays étrangers parce qu'ils ont découvert sur les algorithmes de ces plate-formes, Shaggy Dogs. Ça nous permet après de voyager. Ces gens-là, on leur vend notre album en physique après en concert ou par correspondance. On touche une génération de personnes comme toi et moi qui sommes encore attachés aux albums en physique.

Pour nous, c'est un faux problème ces plate-formes puisqu'on vend régulièrement après les concerts nos albums, qu'ils soient en CD ou en vinyle. Oui, certes, nos ventes ont baissé en magasin puisqu'il n'y a plus d'espace pour pouvoir les vendre. Tant que ça nous permet encore de jouer, là est bien le principal. Ce n'est pas notre métier à plein temps. Heureusement, parce que peut-être qu'on ferait autre chose. Je trouve que ça a été bénéfique pour Shaggy Dogs et les musiques cousines de Shaggy Dogs, cette arrivée de diffusion sur les plate-formes. Je vais me mettre à dos plein de gens, mais ce n'est pas grave. J'assume.

Ça vous permet quand même de proposer des beaux objets avec de très belles pochettes. Pareil pour les clips, je trouve que les clips sont bien tournés et pourtant, comme tu dis, vous ne vivez pas que de ça, donc ça veut dire que c'est un investissement en temps et financier aussi, je suppose ?

Oui, tout à fait. Mais après, notre musique à travers les concerts nous génère aussi des revenus qu'on investit dans notre projet, donc voilà, c'est quelque chose qui fonctionne.

En tout cas, on est attaché à faire des beaux objets et des beaux clips parce que notre musique le mérite et c'est comme ça qu'on conçoit notre art. On est des artisans de la musique et on s'attache à offrir de beaux objets aux personnes qui vont nous écouter ou nous regarder.

Comme quand vous faites un concert où on sent que c'est travaillé, c'est réfléchi, il y a certainement de la spontanéité, ça n'enlève rien, mais on sent aussi ce besoin de proposer quelque chose d'abouti.

Oui, pour moi, c'est important, c'est le résultat d'un travail collectif et à partir du moment où une personne, qu'elle soit toute seule ou qu'elle soit entourée de dix, vingt, trente, cent, trois cents, mille personnes mérite qu'on lui offre ce pour quoi elle est venue, c'est-à-dire un show des Shaggy Dogs qui tiennent la route, un spectacle ! Permettre au spectateurs de décrocher de leur quotidien, de s'évader, de partir, le temps d'un concert, ailleurs, de se laisser porter par la musique des Shaggy Dogs. C'est notre mission et je trouve que c'est une noble mission.

Je veux le redire, quand je vous ai vus, il n'y avait pas forcément beaucoup de monde et effectivement, on a senti que ce soit 19h30 ou que ce soit 23h, qu'il y ait cent personnes ou mille personnes ou comme tu dis dix mille personnes, vous avez fait un show complet, total, avec, et là pour le coup, c'est très admirable aussi de votre part, la capacité de continuer le show malgré les problèmes techniques (NDLR : une coupure de courant au début du concert) et je pense qu'il y a des groupes qui auraient déserté la scène. Vous avez continué et je trouve que c'est là où on trouve ce petit supplément d'âme qui fait que tu accroches encore plus.

Il n'y a pas un concert Shaggy Dogs qui ressemble à un autre. Ce que tu as vécu et vu, ça a été totalement de l'impro, ce n'est pas quelque chose qu'on a préparé en amont.

Tu as vu la version acoustique, ça devait être de Make a choice, c'est la seule et unique fois jusqu'à maintenant où ça s'est passé ainsi. Voilà, on l'a senti comme ça car les gens qu'on avait en face de nous, nous permettaient de le délivrer comme ça. Il fallait faire face à ce problème technique alors c'était un pari, soit ça revenait rapidement ou soit ça s'éternisait.

C'est la première solution qui s'est avérée puisque les problèmes techniques n'ont pas été très longs au final et nous ont permis de continuer le concert et ça a été un interlude, ma foi, bien sympathique. 

C'est là où on voit, comme tu disais tout à l'heure, un côté professionnel, et pour le public, c'est ce petit truc en plus qui fait que ça accroche et ça embarque les gens.

Oui, je ne sais pas si on appelle ça être professionnel, mais ce qui est sûr c’est qu'on se connaît depuis longtemps et qu'il y a cette connivence entre nous et surtout on a tous un objet commun : défendre ce nouveau projet, ce nouvel album.

Je me répète mais on joue pour les gens qui sont face à nous, on ne joue pas pour nos chaussures. À partir du moment où tu as des gens en face de toi, tu rentres en interaction avec eux et si les gens sont là et répondent, ils te portent et te poussent à aller plus loin. Donc là, en l'occurrence, à ce moment-là, il y avait des gens en face de nous qui attendaient et qui étaient frustrés de cette coupure comme nous, on ne pouvait pas partir.

On parle de la scène maintenant, vous avez lancé l'album il n'y a pas très longtemps, il y a encore beaucoup de concerts qui s'annoncent, où allez-vous jouer prochainement ?

À la fin du mois, on sera à côté de Chaumont, le 28 novembre, c'est un lieu qui s'appelle la Lingonne, à Rivière-les-Fossés et le lendemain, on sera à Strasbourg, au Bateau du Rhin.

Décembre, on fait un break et on va en profiter pour écrire de nouveaux titres, on a des idées. En fait, les cuivres font partie du groupe Shaggy Dogs depuis un an, mais ils n'ont pas participé à l'album, puisque ce n'est pas eux qui l'ont enregistré, comme je t'ai expliqué tout à l'heure. Et Tony vient d'arriver à la basse, et il n'y a rien de mieux que d'écrire de nouvelles choses ensemble pour consolider le ciment à l'intérieur du groupe.

Donc on a des idées et on a envie de les mettre en forme et rapidement en boîte. Aussi parce qu'aujourd'hui, il faut continuer à occuper le terrain et que promotionner un album comme on vient de le faire d'un seul tenant, ce n'est plus non plus très en phase avec ce qu'il se passe dans les sorties. Il y a beaucoup de gens qui sortent des singles pour continuer à occuper le terrain, et donc il y a aussi cette stratégie derrière. Le mois de décembre sera consacré à poser les premières pierres des prochains morceaux.

A partir de janvier, on ré-attaque. Le 17 janvier, on sera au Stock à Mennecy, qui est notre seconde maison, en tout cas, c'est dans notre département. C'est un club mythique où il y a de plus en plus de groupes nationaux, voire internationaux, qui viennent y jouer.

Nous, on a l'habitude d'y faire une date par an, souvent à la rentrée de l'année. On vient de passer les fêtes, on est gros et il faut aller suer un peu avec Shaggy Dogs. Donc c'est blindé à chaque fois. C'est un lieu où il y a 200 / 300 personnes qui viennent, c'est une belle fête.

Fin janvier, on part en Rhône-Alpes, on va jouer au Brin de zinc, que tu connais peut-être, à Barberaz. Et le lendemain, on sera à Oraison, dans les Alpes-de-Haute-Provence. En février, on va en Hollande sur un festival. Au mois de mars, on retourne deux fois en Rhône-Alpes. Fin mars, on sera sur un festival en Aveyron, et la veille, dans la Creuse. Au mois d'avril, on va retourner en Hollande. Au mois de juin, on va aller en Suisse, on va retourner en Norvège. Et sur juillet, on a déjà des dates caléesen Norvège, un festival en Lituanie. Et puis, il y a deux festivals français qui sont en train, a priori, de nous signer. On a pas mal de choses à venir en tout cas.

Alors, pour conclure je voulais savoir ce qui t'énervais ? Le truc qui te met le plus en boule ?

Qu'est-ce qui me met le plus en colère ? Le contexte politique actuel. Où l'argent se concentre chez une minorité qui détient tous les pouvoirs et tous les réseaux. Et en face, tu as une multitude de personnes qui triment dans des contextes qui sont très difficiles.

On monte les uns contre les autres. On est en train de te faire croire que le problème, ce serait des gens qui seraient assistés, qui seraient étrangers. Alors que le problème, vient avant tout de ceux qui détiennent des milliards et qui ne veulent rien partager. De mon point de vue, c'est plutôt eux le problème. 

On va imaginer que ton meilleur ou ta meilleure amie s'en aille et tu dois lui offrir quelque chose qui à chaque fois lui fait penser à toi. Qu'est-ce que ça serait ?

Wahou ! Dur ! Le dernier album de Shaggy Dogs. C'est facile comme réponse, mais... Ouais on va dire ça. Au moins, si elle l'écoute, elle pensera à moi.

Tu as le mot de la fin.

Déjà, merci d'avoir consacré du temps pour cette interview, parce que ce sont les gens de l'ombre, comme toi, je les appelle comme ça, qui relaient à longueur d'interviews, d'émissions, de diffusions, la bonne parole des Shaggy Dogs. Et c'est toujours un plaisir de vous rencontrer en live ou à travers les réseaux, donc merci.

Continuez à sortir, à aller voir des groupes en concert, parce que c'est le seul endroit où l'IA, pour l'instant, ne peut pas interagir. Il n'y a pas encore de robots clones des Shaggy Dogs qui feront un concert. Peut-être que ça viendra un jour, qu'on pourra voir Shaggy Dogs remplacés par des robots aux quatre coins du monde en même temps. Mais cette heure n'est pas encore prête d'arriver. 

Je parlais tout à l'heure des plate-formes de distribution de musiques en numérique. Elles sont toutes gangrenées par ces faux groupes, quel que soit le style de musique. Et ça, par contre, ce n'est pas bien. Donc il faut qu'on rentre tous et toutes en résistance. Et l'un des meilleurs moyens, c'est de continuer à supporter et voir des groupes au fin fond de la campagne, dans des festivals ou des clubs perdus, parce que c'est là que la vraie vie se passe !