Retour sur l’édition 2025 du festival TYRANT FEST, consacré aux musiques obscures, et installé depuis 2016 dans les Hauts de France.

La particularité de cette édition tenait à son déroulement pour la première fois sur deux sites, probablement afin de profiter de la plus grande capacité d’accueil de l’Aéronef, salle située à Lille.

Le premier jour se tenait au Métaphone, sur le site minier du 9-9bis à Oignies (62), lieu remarquable inscrit au patrimoine de l’Unesco offrant d’ailleurs aux festivaliers la possibilité d’en visiter les installations et même de faire une randonnée aux flambeaux. Il est évident que ce lieu chargé d’histoires est un atout pour un festival consacré à des musiques extrêmes.

Ouverture avec Alkerdeel, groupe belge fortement influencé par Darkthrone, mêlant black metal et quelques sonorités punk : une parfaite entrée en matière.

Ensuite, place au rock goth / synthwave des Nantais de Sang Froid. On pense évidemment très fort à The Sisters of Mercy, mais la présence imposante du chanteur et leur manière d’aborder l’obscurité musicale autrement que par le black en faisait une belle prise de risque, finalement payante dans la programmation.

Nouvelle identité de Blurr Thrower, on est resté totalement hermétique au one-man band Limbes, du black métal atmosphérique.

On a enchaîné avec du son français encore, le black metal atmosphérique de The Great Old Ones, avant la grosse claque du jour : le groove déstructuré d’Imperial Triumphant. Encore plus impressionnants sur scène que sur disque, notamment grâce à un bassiste bondissant. Par moments jazzy, le trio new-yorkais masqué parvient à ne jamais perdre l’auditeur dans sa démonstration technique.

La première journée se clôt avec le blackgaze délicat d’Alcest, servi par une magnifique scénographie. On en est ressorti totalement conquis par leur set gardant en tête la belle mélodie de "Flemme Jumelle".

Le deuxième jour se déroulait à l’Aéronef de Lille, salle curieusement située à côté d’un centre commercial et dans laquelle régnait une certaine froideur.

Encore beaucoup de black au programme, avec tout d’abord Ataraxie, excellent groupe de doom/death, suivi de Firtan, formation de black pagan metal, originaire de Lörrach, au sud de l’Allemagne : pas très subtil, mais efficace.

C’est ensuite Asagraum qui a pris le relais, avec une voix féminine démoniaque mais un set un peu trop long.

Puis Sinsaenum est entré  en scène pied au plancher. On avait déjà écrit, dans notre chronique de leur dernier disque, qu’il s’agissait d’un supergroupe — mais là, sur scène, la claque est totale : maîtrise de l’espace, puissance vocale, solos millimétrés signés Buriez et Leclercq. Un set trop court tant il était bon.

On s’est laissé  ensuite totalement emporter par le son doom (et pas seulement) des Italiens de Messa. La voix féminine est superbe, les solos de guitare transpercent littéralement le spectateur. Une nouvelle fois, ils ont confirme  qu’ils sont probablement l’un des plus grands groupes du moment, tous styles confondus.

La soirée s’est terminée avec les Anglais de Paradise Lost et leur metal gothique. La setlist ne mettait pas particulièrement en avant leur pourtant excellent dernier album, mais elle parcourait leur longue discographie inégale, pour un résultat finalement tout aussi inégal.

En résumé, le TYRANT FEST, malgré une organisation répartie sur deux sites, s’est révélé être un excellent festival, au choix musical pertinent et étonnamment diversifié dans des sonorités dites extrêmes.  La qualité de la programmation a vraiment assuré la cohérence et le succès du festival.  Félicitations aux organisateurs et à l’année prochaine.

P.S. : De nombreux artistes ont déjà été évoqués. N’hésitez pas à relire les chroniques de leurs disques.

Crédits photos : David Drx