Après sept ans d’absence, Sinsaenum revient avec un album brut, sombre et très personnel. Pour rappel, il s’agit d’un supergroupe de death metal réunissant notamment Attila Csihar (Mayhem), Sean Zatorsky (Dååth), Stéphane Buriez (Loudblast) et Heimoth (Seth). On reste souvent sceptique face aux supergroupes, car le cumul de talents ne garantit pas toujours un projet pertinent. Mais ici, aucun doute : la formule fonctionne à merveille.
Frédéric Leclercq (Kreator), multi-instrumentiste et principal compositeur, transforme le deuil (la perte de son père et celle du batteur précédent Joey Jordison décédé en 2021) en moteur artistique. Le groupe accueille d’ailleurs André Joyzi à la batterie, ancien technicien de Jordison. Le résultat est un death metal incisif, dense, mais aussi mélodique à certains moments ("Cede to Thunder","This Wretched World").
L’album s’ouvre avec "In Devastation", un morceau qui pose immédiatement l’ambiance : sonorités étranges, riffs tranchants et batterie pilonnante. Un titre sombre, massif et représentatif du disque. "Cede to Thunder" frappe fort avec des guitares très présentes et un solo ravageur. "Shades of Black" offre une brève accalmie à la guitare acoustique — une trentaine de secondes — avant de replonger dans une lourdeur évoquant par instants Kreator. Avec "Obsolete and Broken", le groupe ose quelques passages en voix claire, donnant un relief particulier au morceau.
Après un "Last Goodbye" un peu en retrait, l’album repart de plus belle avec un enchaînement agressif : "Spiritual Lies", "Destroyer" et "Buried Alive". Enfin, la conclusion avec "Over the Red Wall" est magistrale : une véritable déflagration où le groupe semble tout donner.
Avec "In Devastation", Sinsaenum signe son album le plus intense et le plus abouti. Le projet dépasse désormais largement le simple cadre du supergroupe pour s’affirmer comme une entité artistique propre à la fureur death brutale.
