"En tout ce qui bruit résonne / Dans le rêve irisé de la terre / Une note secrète / Pour celui qui tend l’oreille"

Mettre en lien la Fantaisie op. 17 de Robert Schumann et la Sonate en si mineur de Franz Liszt n’a rien d’un hasard esthétique ou formel. Les deux expriment conflits (le récit faustien du combat entre le bien et le mal chez Liszt, Eusebius, le rêveur, Florestan l’exalté chez Schumann), aspirations formelles et esthétiques, et sont pensées (même si structurellement elles ne se rejoignent pas forcément) comme un tout indivisible.

La fantaisie op. 17 de Schumann est une œuvre aussi importante que charnière. Elle est dédiée à Liszt mais c’est l’amour pour Clara, qui n’est pas encore sa femme, qui transperce. En trois mouvements Schumann nous fait passer du désespoir et du mystérieux (ce premier mouvement que le compositeur demande de jouer de "manière fantastique et passionnée" à une presque paix intérieure.

Pour Aldo Ciccolini la Sonate en si mineur de Franz Liszt : "C'est un monument qu'il faudrait méditer des années avant de s'y attaquer. Je l'ai jouée, il y a longtemps, à Alger. Mais je n'étais pas en mesure de saisir son importance : la Sonate me passionnait, mais ses motivations me restaient obscures. Je les ai comprises que bien plus tard. [...] Liszt, nous le savons, était admirablement initié à la symbologie musicale. Ce fut une révélation pour moi de l'apprendre, qui croyais cela réservé à l'architecture." Cette sonate montre l’ambition du compositeur hongrois, dans sa forme, sa longueur, dans sa dimension presque orchestrale.

Capté en concert, Jean-Baptiste Fonlupt fait preuve d’un jeu où la vigueur, l’énergie, à la frontière parfois du martèlement n’empêche, ni la virtuosité, ni la subtilité et la finesse, ni une profusion de couleurs, ni une réelle élégance. De sa musique se dégage toujours une certaine lumière.