Seul en scène humoristique de Issam Bou Khaled.
Le comédien, metteur en scène et auteur libanais Issam Bou Khaled, qui est à l'affiche du Théâtre Le Tarmac avec "Banafsaj", le dernier volet de sa trilogie sur la guerre et la mort, y présente également, en montant personnellement sur scène, son éclairage et sa réflexion socio-politique sur la situation des pays du Moyen Orient sous le vocable de "printemps arabes".
Il a choisi le registre du seul en scène humoristique non pas vraiment parce qu'on peut rire de tout mais parce que l'humour tragique du désespoir et la satire constituent des armes tout aussi défensives que didactiques pour dénoncer la manipulation, le totalitarisme et la barbarie et soutenir la quête de dignité humaine des peuples opprimés.
Avec "Salafifobia", titre inspiré par l'épouvantail du salafisme, mouvement sunnite fondamentaliste, que brandissent les dictatures menacées par les mouvement de contestation et de révolte populaire pour justifier la répression violente et sanglante qu'elle exerce sur les opposants et manifestants, il décortique, avec images et petits films d'animation à l'appui, tant les dictatures démocratiques que les dictatures héréditaires qui reposent sur la soif d'un pouvoir personnel absolu et le culte de la personnalité.
Ainsi aborde-t-il, en français, dans cette langue inculquée dans son enfance par les méthodes "musclées des religieuses françaises, tant son pays, le Liban, "pays raté "qui ne connaît que l'état de guerre, interne, assaillant ou assailli, que la démocratie raciste d'Israël, "pays sans peuple", face à la tragédie de la Palestine, "peuple sans pays", et fait un sort à chacun des pays, la Syrie se situant en tête d'un palmarès macabre, de ce fameux Moyen Orient qu'il présente comme "le cul du monde soumis à un régime de constipation générale" qui ne peut que déboucher (sic) sur une explosion déflagratoire.
Comme la caricature des dictateurs, un simple schéma suffit également à symboliser l'anarchie générale qui résulte de l'inextricable réseau des relations internationales, parfois tout aussi paradoxales que contradictoires, sous "influence" des grandes puissances.
Mais Issam Bou Khaled n'oublie jamais que, dans les jeux de pouvoir et les stratégies d'influence, ce sont les individus, les hommes, les femmes et aussi, et surtout, les enfants, qui, par la torture et l'assassinat, paient le lourd tribut. L'impasse ne peut être faite sur la réalité et l'ampleur de la tragédie, de la propagande et du cynisme politique au quotidien, en quelque lieu que ce la se passe.
Avec l'évocation de Hamza al-Khatib, l'enfant-martyr syrien massacré pour avoir participé à une manifestation, le rideau tombe comme un couperet, saisissant le spectateur à la gorge.