Entre les trouvailles de Joana Newson et l'élégance anglaise des Sundays, Laura Groves, qui se cache du haut de ses 21 ans derrière Blue Roses, a une voix impressionnante dont elle fait ce qu'elle veut ou presque, loin dans les aigus.
Mais soyons honnêtes, au bout des 10 chansons dont est composé son premier album, on n'en peut plus de cette voix qui jouent avec les aigus et les mélanges mélodiques "modernes et inventifs".
Les trouvailles sonores, à grand coups de guitare acoustique, de cordes qui viennent ponctuer les titres de façon inattendue sont souvent plus agressifs que jouissifs.
Mais si vous adorez le très Arcade Fire "Cover Your tracks" alors ce disque est fait pour vous.
Quoi qu'il en soit, on ne peut nier que cette jeune demoiselle s'affranchit largement des canons de la musique folk par des constructions musicales souvent audacieuses ("Can't sleep") rappelant parfois Kate Bush. Quelques titres sont plus "minimalistes" (relativement) et on se rappelle alors la pas toujours passionnante Barbara Gosza ou la trop rare Lisa Germano ("Does anyone love me ?", un des plus beaux titres de ce disque avec sa harpe discrète et cette voix charmeuse).
Alors bien sûr, au final, on peut crier au génie au vue de la qualité de ce premier album de cette si jeune artiste mais cela reste un album pour mélomanes curieux qui vont disséquer les moindres techniques employées pour faire ce disque. Pour les profanes qui ont besoin d'être saisis de ce frisson intérieur par la musique, d'être transpercés par l'émotion qui se dégage d'une voix, d'une mélodie,
on reste un peu sur sa faim, comme à l'écoute par exemple de "Kalimba", très joli titre, mais que l'on écoute de l'extérieur, sans réussir à prendre part à la fête.
Blue Roses porte bien son nom en fin de compte : une très belle fleur rare, longtemps légendaire et inaccessible, issue de nombreuses hybridations et pas tout à fait au point mais sur qui parier à l'avenir et qui en rendra heureux plus d'un précisément pour ses raisons là. |