Comédie de Aristophane, mise en scène de Salomé Ramon, Caroline Gozin et Lucie Contet, avec Lucie Contet, Caroline Gozin, Louise Ternois, Salomé Ramon, Charlotte Roulland, Adrien Rummler et Quentin Voinot.
Pour fêter les presque 2 500 ans d'Aristophane, la Compagnie des Poupées russes a eu la très belle idée de monter "Lysistrata, la grève du sexe" et d'en faire un "conte musical" charmant et coloré.
Avec, dès le départ, une idée force : ne pas être prisonnier de la cité grecque où est censée se dérouler l'action. Et pour cela, rien de tel qu'un joli décor hors du temps en carton pâte avec un puits et sa margelle, des arbres bien dessinés et sur un côté un simili mur en pierre plus moyenâgeux qu'antique.
Pour faire bon effet dans ce décor, une pléiade de jeunes comédiennes joyeuses et pimpantes était aussi nécessaire et de préférence dans des costumes soignés et chatoyants pouvant plutôt habiller Blanche-Neige que Phèdre.
Voilà donc, un chef d'oeuvre grec dans un écrin à la fois sans poussière et point trop clinquant ni bariolé. Un modèle d'équilibre, en fin de compte et de quoi donner envie aux sept comédiens de se donner à fond dans cette version pleine de gaieté et d'échos musicaux.
Ce ne sera ainsi pas péjoratif d'affirmer que "Lysistrata, la grève du sexe" est un grand album illustré dont on tourne pendant 80 minutes les plus belles pages. Que les femmes grecques, pour que leurs soldats d'époux arrêtent de s'étriper, leur refusent tout espoir de repos du guerrier, c'est un beau canevas mais qui n'appelle pas forcément à bâtir d'arides commentaires ni d'intenses réflexions philosophiques. On suivra donc avec sympathie ces jeunes dames qui vont faire de leur corps le véhicule de la paix.
Loin de la grandiloquence hellène, de ses chœurs et de ses coryphées, les femmes mènent le bal à tel point que les rôles masculins passent, pour une fois, largement au second plan.
Si l'on voulait justement faire une petite réserve, on se demanderait s'il était bien nécessaire que les mâles s'invitent au bal. La pièce aurait peut-être gagné à ce que les filles restent entre filles, car l'arrivée de leurs époux donne un petit coup de mou au bel ouvrage mis en œuvre et en scène par trois des comédiennes, Lucie Contet, Caroline Gozin et Salomé Ramon.
A la place des maris, on aurait rêvé que le conte soit davantage musical, d'autant que cette partie créée par Louise Ternois est particulièrement réussie... Reste que "Lysistrata, la grève du sexe" est un spectacle d'un soin infini, élégant et généreux.
|