Spectacle circassien conçu et mis en scène par Yoann Bourgeois, avec Jean-Baptiste André, Mathieu Bleton, Julien Cramillet, Marie Fonte, Elise Legros et Vania Vaneau (en alternance avec Francesca Ziviani).
Descendu du ciel, un radeau et ses six occupants. Le plateau de six mètres sur six tangue puis se stabilise au dessus de la scène, accroché par des câbles.
Les spécimens humains : trois femmes et les trois hommes figés, image arrêtée d’une humanité en train de naître, semblent attendre la suite. La plateforme commence alors à tourner et démarre à une vitesse folle un manège effréné. Les corps domptent la gravité et se rassemblent pour ne pas tomber.
Avec "Celui qui tombe", Yoann Bourgeois offre un spectacle inclassable en tous points, époustouflant qui, sans un mot, propose un suspens haletant une heure durant. Une heure magique durant laquelle les six personnages, qui n’ont pourtant pas la morphologie habituelle de danseurs ou de circassiens, courent, roulent, sautent, chutent et se relèvent. Ils sont mouvement jusque dans l’immobilité, instants saisis d’un geste ou d’une action.
Quand le plateau se soulèvera par l’arrière, ils devront affronter la pente ainsi créée et cette structure qui bouge de façon incontrôlée et aléatoire et constitue, à chaque fois, un nouveau défi à relever. De même, quand la plateforme se balancera et qu’ils devront choisir d’en descendre ou d’y retourner.
Le metteur en scène propose des tableaux d’une beauté à couper le souffle et d’une profondeur insoupçonnée où les six danseurs-acrobates défient la gravité, laissant le spectateur abasourdi par tant de prodiges.
Quelques musiques illustrent les tableaux mais les moments sont aussi émouvants quand ils évoluent dans un silence qui ne laisse passer que quelques grincements de bois ou éclats de voix. Et ils chantent enfin, tous les six en canon, d’une façon bouleversante, célébrant en quelque sorte leur union.
Au-delà de l’impressionnant ballet d’une maîtrise incroyable, le spectacle propose une vraie réflexion sur la place de l’homme et sur sa relation au groupe. Sublime moment d’une grâce stupéfiante et d’une originalité folle, conjuguant performance physique et poésie, "Celui qui tombe" est un pur chef d’œuvre qu’il ne faut vraiment pas rater. |