Spectacle d'Agnès Mateus et de Quim Tarrida, avec Agnès Mateus.
De ce spectacle-performance, réquisitoire contre le machisme ordinaire (les mots) et moins ordinaire (les coups, la mort), on retiendra le rythme d'époque, l'énergie de la protagoniste (Agnès Mateus) - sorte de Florence Foresti projetée dans un univers post-Almodovar - et certaines séquences (le lancer de couteaux, l'acharnement contre Frida Kahlo).
Bien entendu, si ce spectacle est dédié à une victime d'un féminicide espagnol, on est aussi dans les problématiques "me too" et post "me too" et l'on sera peut-être déçu car on comprend tout de suite que les concepteurs du spectacle, Agnès Mateus et Quim Tarrida, ont été rattrapés par l'histoire sur un terrain qu'ils balaient depuis longtemps.
On pourrait traduire "Rebota rebota y en tu cara explora", non pas comme le propose le programme, par "ça rebondit, ça rebondit et ça t'éclate en pleine face", mais plutôt par "ça rebondit, ça rebondit et ça te pète à la gueule". En effet, Agnès Mateus n'est pas seulement une danseuse pouvant se déhancher sur de la techno ou du reggaeton, ou une slameuse pouvant passer en revue et par les armes tous les princes charmants de Disney, c'est aussi une mal polie et quelqu'un qui se touche et joue de son popotin, toujours dans un dessein honorable : déboulonner la femme nunuche et soumise chère aux tenants du patriarcat.
Sans doute la dénonciation du machisme est nécessaire, mais on conseillera à Agnès Mateus et Quim Tarrida d'y aller plus franco dans leur lutte contre le mâle immonde et d'éviter les lieux communs, tels l'éternel clown méchant. La toute dernière partie est poussive : là où en espérait une explosion de radical on a un lâcher de baballes qui plaira aux tout-petits.
Cela dit, Agnès Mateus est toute en conviction sur scène et l'on se souviendra longtemps de son improbable et impossible robe blanche de mariée. Son charisme est indéniable et sa manière de mélanger l'espagnol et le français lui rajoute encore du charme. Artiste transdisciplinaire, on aimerait la revoir, pourquoi pas au cinéma, dans un projet moins ludique et plus roboratif en contenu. |