Comédie dramatique de Paul Géraldy, mise en scène de Pierre Delavène, avec Delphine Depardieu, Pierre Delavène et Sam Richez.
L'amour, voilà la grande quête humaine, intemporelle et universelle, qui, même quand elle est heureuse, n'empêche pas de regarder si l'herbe est plus verte ailleurs.
Dans "Aimer", Paul Géraldy décline cette expression proverbo-bucolique, au sein du trio sentimental, la femme, le mari et l'amant, mêlant psychologie et émotion.
L'arrivée d'un nouveau voisin, qui tombe sous le charme de la jeune femme le transformant en amoureux entreprenant, vient troubler la quiétude du couple formé par Henri et Hélène. Un couple parfait et idéal, uni par un amour réciproque, qui a partagé, depuis dix ans, tant les joies que les épreuves dont celle majeure de la perte d'un enfant.
Dix ans, le cap fatal où, passés les premiers émois, passions et découvertes, se sont installés la confiance et la certitude qui, pour certains, ne résistent pas à l'attrait de la nouveauté.
Dans ce drame de l'intime écrit dans une langue superbe, Paul Géraldy livre certainement son credo amoureux, avec toutes les variations de l'amour, du sentiment amoureux à la plénitude de l'amour tempéré, un credo aux allures de tournoi courtois dans lequel tout ne se passe qu'en paroles.
Pierre Delavène, qui assure également la mise en scène de ce spectacle, incarne parfaitement le mari aimant pour qui l'amour, et la foi engagée dans le mariage, crée un lien indissoluble qu'il ne saurait être remis en cause, qui se trouve confronté à une situation dont il n'a pas la maîtrise et qui le dépasse. Sam Richez campe le rival intrusif aussi séduisant que beau parleur dont le discours percutant mise sur les promesses futures, et peut-être l'illusion, d'un bonheur à imaginer qui triomphe aisément de la comparaison avec la pesanteur du quotidien.
Au coeur de la tourmente, Delphine Depardieu, interprète magnifiquement les sentiments contradictoires, ainsi que le trouble et le dilemme, qui assaillent une jeune femme aussi désarmante de fragilité que capable de choix drastiques.
Les trois comédiens, formés par Jean-Laurent Cochet, disposent d'une technique imparable, qui contribue à l'homogénéité du jeu et à la réussite de ce spectacle, et qui donne à cette pièce, bien qu'écrite en 1921, une résonance contemporaine en un siècle qui exacerbe l'antagonisme entre la liberté absoule corollaire de l'épanouissement personnel de l'individu et l'engagement dans une relation durable.