Monologue dramatique écrit et interprété par Roger Dumas dans une mise en scène de Arnaud Bédouet.

Roger Dumas comédien de théâtre, acteur de cinéma, auteur de chansons, aujourd'hui septagénaire, raconte son jeune temps avec autant de pudeur que de jubilation. Ou plutôt celui de son factotum, Martin Quelqu'un, un drôle de garçon qui présente bien des singularités.

"A propos de Martin", outre d'être victime d'une maladie orpheline, celle de parler spontanément en vers, il est atteint de dichotomie cérébrale, son hémisphère droit ignorant ce que fait le gauche et vice versa et de collectiomanie virulente conservant tout et rien dans des boîtes.

Roger Dumas ouvre c(s)es boîtes pour un jubilatoire voyage dans le temps qui prend la forme d'une truculente chronique des jeunes années. De celles-ci surgit le passé, toujours vivant, sous forme de bouffées de souvenirs qui ne portent pas l'empreinte de la nostalgie mais mais l'émotion du bonheur retrouvé et de figures pittoresques et/ou émouvantes.

Ce fils de boulanger parisien, exode oblige, passe son enfance dans la ferme grandparentale. La vie y est frustre, la bougie, l'eau au puits, mais la joie de vivre est partout présente.

Le retour à Paris c'est la boulangerie, le pétrin au vrai sens du terme avec un père qui place la conscience professionnelle au-dessus de tout, n'hésitant pas à se transformer en cheval de trait pour chercher la farine et faire tourner le four jour et nuit, la confection des gâteaux, et notamment la tarte amandine dont il détaille la recette avec une gourmandise des mots qui préfigure celle du palais mais également le collège avec un professeur pygmalion qui lui transmet la passion du théâtre.

Dans une boîte noire conçue par Hélène Delprat, comme la chambre d'un appareil photographique, et sous la direction de Arnaud Bédouet, Roger Dumas dévoile l'intime universel et particulier avec une belle et sensible écriture.

Et derrière le cheveu blanc en épi et l'oeil vif, se profile le minois malicieux du petit garçon qui battait la campagne et gravissait le petit mont local en criant "Popocatepetl !" et dont le coeur battait la chamade pour la jolie Marianne.