Réalisé par Dyana Gayer. Sénégal. Musical. Durée : 48 minutes. (Sortie 16 juin 2010). Avec Umban Gomez de Kset, Anne Jeannine, Bigué Ndoye, Adja Fall, Antoine Diandy, Marième Diop et Gaspar Manesse.

Difficile de faire long pour parler d’un film aussi court ! Pourtant, on a envie de s’épancher pour faire partager tout le plaisir que cette bulle de savon africaine procure.

En 48 minutes, Dyana Gaye n’emmène pas seulement une poignée de Sénégalais (avec en prime un jeune Français) de Dakar à Saint-Louis du Sénégal en taxi-brousse. Non, elle transporte tous les spectateurs qui auront la bonne idée de la suivre dans une Afrique débarrassée de tous ses mauvais clichés. Et pour cela, il suffit de passer par le biais de la comédie musicale à la Jacques Demy/Michel Legrand.

DG réussit un miracle : que des Africains se mettent à chanter dans les embouteillages de Dakar à la manière de Catherine Deneuve et Nino Castelnuevo dans "Les Parapluies de Cherbourg", cela semble sur le papier une idée aberrante, presque ridicule, et prêtant le flanc au rire raciste… Et c’est tout le contraire qui se produit ! Le charme joue et ne s’arrête pas avant qu’on soit saisi d’une vraie émotion. De plus, les numéros musicaux ne viennent pas ici "comme un cheveu sur la soupe". Ce petit "road movie" joyeux n’oublie jamais de rendre crédibles ses personnages et de les inscrire dans un morceau de réalité africaine. Sans y toucher, à partir de ses références à Jacques Demy, Dyana Gaye assume l’héritage d’un autre membre périphérique de la Nouvelle Vague : Jean Rouch.

En prenant ce Transport en commun, on découvrira ainsi de nombreux petits détails que l’on ignore sur la vie africaine. Plus encore, on apprendra quelque chose de capital, quelque chose qui ne vient jamais à l’esprit quand on pense à l’Afrique, a fortiori quand on voit un film africain, et qui est presque scandaleux à énoncer : il y a des Africains qui peuvent être heureux.

Évidemment, il ne faut pas s’emballer et il faudra plus que les 48 minutes d’"Un Transport en commun" pour enlever "peuvent être"à l’affirmation précédente. N’empêche. Ce voyage en taxi-brousse de Dyana Gaye est une des meilleures nouvelles cinématographiques envoyées par l’Afrique depuis son indépendance.