Istanbul, une autre ville Cinéma. Cinema entre les rives
Posée sur deux rives entre mer Noire et mer de Marmara, Istanbul en mégapole règne sur sa culture. Miroir de l’Orient et de l’Occident (ne sont-ils pas l’un comme l’autre le miroir de celui qui se regarde ?) Un travelling entre Byzance, Constantinople et Istanbul, un long plan séquence pour découvrir à travers le 7ème Art l’histoire d’une ville. Ville de cinéma s’il en est.
Il y a entre Rennes et Istanbul une complémentarité de l’étrange, celle de la magie comme énergie d’histoire. Et c’est en cela que " Travelling" dans sa 21ème année est incontournable. Avec plus de 70 films longs et courts abordant sans complexe (d’ailleurs pourquoi en avoir) les rives du documentaire, de la fiction mais aussi et là bravo, les films d’écoles que l’on voit que trop rarement et le cinéma expérimental. Certains diront qu’il y en a pour tous les goûts ! Même pas vrai, le cinéma est un art unique qui flirte sans autres arrières pensées que celle de l’image animée où chacun trouve le plaisir de s'y plonger.
Profitons donc de cet extraordinaire plaisir que nous offre Rennes et fonçons, tête la première dans ces films à (re)découvrir dans les sections ouvertes pour eux.
Istanbul au cinéma, ville de cinéma mais aussi personnage principal à la hauteur de Paris et New York. Filmer comme on aime une femme, cadrer pour rendre compte de sa beauté unique. Ville multiple aux histoires imprégner de son vécu historique et moderne. Conjuguez tout cela au même temps ! Subtile sensation d’un cinéma qui offre à découvrir les milles et une facettes de son visage. " Ah la belle Istanbul" de Atif Yilmaz ou encore "Les trois signes" de Nuri Bilge Ceylan…
Mais le cinéma turc, c’est aussi le présent, cette modernité de l’instant. Depuis maintenant une dizaine d’années voilà un cinéma qui traduit la reconnaissance d’un grands nombres d’auteurs tel que Reha Erdem, Dervis Zaim, Zeki Demikubuz ou encore Yesim Ustaoglu, une génération de réalisateurs qui prend à bras le corps ce renouveau. Un plaisir aussi (entier) consiste à la découverte de la section courts métrages, les prochains témoins de leurs temps.
Une autre section, également, au-delà des frontières, la représentation des Turcs en Europe. Témoignages qu’entretiennent ces exilés Turcs avec l’Allemagne, les Pays Bas, la France. Autre miroir. Reflets d’émigrants dans notre monde. Exil et questionnement identitaire, relations intercommunautaires… Regards de cultures aux carrefours identitaires, être soi et reconnaître l’autre.
Avouez que c’est un beau programme républicain que l’on nous offre… Mais voilà que se glisse un cinéma auquel on ne fait, que rarement honneur, le NANAR. Ces bons vieux nanars sortis tout droit du quarantième dessous. Recouvrir le sourire au lèvres. C’est aussi cela le 7ème Art.
Mais avouez qu’un Festival de cette trempe ne serait pas ce qu’il est sans les invités tel quel Reha Erdem, Pelin Esmer, Hakki Kurtulus, Melik Saraçoglu, Berke Bas, Orhan Eskiköy et Jean-François Pérousse… Alors… Alors.
Mais il y a aussi, naturellement diront ceux qui connaissent, quelques gâteries sucrées comme la projection de "La vierge d’Istanbul" de Tod Browning. Un régal d’exotisme mis en musique (direct) par Arem, métissage encore, entre orient et occident. Toute la modernité d’Istanbul dans ce jeu musical qui swingue du côté du jazz et de l’acoustique. Ne pas oublier l’expo photo, ni la fenêtre ouverte sur l’Art Vidéo, d’autre surprises, mais Chuuuut…
Il est bon, je trouve, de ne jamais tout dévoiler, de laisser au visiteur le plaisir de sa découverte. Rennes est ainsi, en hôte, venir vous offrir dans la discrétion sensuel d’Istanbul… Les secrets oubliés d’une ville majestueuse.
Mais vous le savez bien, c’est ainsi qu’il faut comprendre le festival.
