Cocktail théâtro-musical sur de stextes de Hanokh Levin, mise en scène de Serge Lipszyc, avec Bruno Cadillon, Gérard Chabanier, Juliane Corre, Valérie Durin, Catherine Ferri, Stéphane Gallet, Sylvain Méallet, Henri Payet et Elsa Rosenknop.

Hanokh Levin est un auteur dramatique né en Israël en 1943, mort en 1999. Son écriture vous plonge dans le quotidien et s’amuse de la lâcheté ou de l’orgueil imbécile de ses contemporains. Avec cependant une grande tendresse il vous conduit à sourire de situations absurdes teintées d’un noir désespoir.

Condition humaine qu’il décrit avec pessimisme. On se maintient en bonne santé pour mieux endurer ses souffrances, on ménage ses forces pour mieux pleurer. La vie ne serait qu’une vallée de larmes sans le théâtre et le langage.

"Que d’espoir !", mis en scène par Serge Lipszyc, vous entraîne sur un manège qui tourne tel les aiguilles de l’horloge, un manège habité par des personnages qui surgissent des décombres, d’un monde dominé par la violence. Nous pensons au conflit israélo-palestinien lorsqu’une famille se déclare la guerre et occupe la salle de bain comme s’il s’agissait d’un territoire conquis. Il est à se demander si les hommes sont capables de vivre en paix. Avec le temps les victimes deviennent des bourreaux qui se sont trouvés d’autres ennemis, avant que la roue ne tourne. Quelqu’un, quelque part, peut toujours chanter les mots de Levin : "Toi, moi et la guerre".

"Que d’espoir !", en tant que montage à partir des textes d’Hanokh Levin, donne la mesure du talent caustique du dramaturge, qui en plus de dénoncer la politique de son pays, touche l’universalité, la condition de l’homme moderne: qui semble avoir perdu tout contrôle comme dérivant sur une mer d’orages.

Nous saluons l’admirable travail de Serge Lipszyc et des neuf comédiens qui s’accordent parfaitement dans ce ballet à trois dimensions. Equilibré, entre comédie et drame, servi avec énergie, le spectacle est d’abord un divertissement où l’on s’amuse, avant le reflux du questionnement métaphysique.