Comédies dramatiques de de Andrew Payne, mise en scène de Patrice Kerbrat, avec Benjamin Boyer et Robert Plagnol.
Un bureau, celui de deux scénaristes de séries télévisées lénifiantes, un vestiaire, celui d'un club de squash dans lequel se retrouvent deux amis traders, voilà pour les huis clos de "Synopsis" et "Squash" dans lesquels le dramaturge anglais Andrew Payne teste in vivo de l'effet de la trahison sur la confiance et l’amitié entendues comme deux choses importantes dans la vie.
Dans ces deux opus en miroir, qui sont autant deux fables noire à l'humour cynique, dans lesquels, aux termes de la traduction percutante de Robert Plagnol et Vanessa Chouraqui, les personnages, bien qu'appartenant à des milieux sociaux différents et ayant des vécus différents, usent du même vocabulaire et de la même métaphysique de la vie, le duo tourne à l'affrontement.
Impossible, s'agissant de la thématique retenue par Andrew Payne, de ne pas songer à son compatriote Harold Pinter, notamment avec "Trahisons", dont il serait l'avatar "cockney". Mais là où ce dernier tisse une toile d'araignée toute aussi fine que dangereuse, Payne sort les gants de boxe pour un match qui n'est pas vraiment celui auquel on pourrait s'attendre.
Pas un match en trois rounds, mais davantage un meurtre symbolique sous forme de duel, bien orchestré par la mise en scène nerveuse de Patrice Kerbrat, l'un étant le cogneur, l'autre le punching ball, au dénouement à chaque fois inattendu.
Le cogneur, aussi grossier que pitoyable tant dans sa sexualité à ras le pantalon que dans son désarroi existentiel, dont Robert Plagnol, comédien très "actors studio, fait une composition saisissante de veulerie et d'amoralité, n'hésite devant aucun coup tordu face au conformiste plein d'illusions qui suit de manière appliquée son petit bonhomme de chemin que le jeu tendu et efficace de Benjamin Boyer teinte d'un trouble ambigu et d'une réelle complexité.
Le duo, même le trio avec le metteur en scène, éprouvé déjà en 2006 au Théâtre du Petit Montparnasse, fonctionne bien et le diptyque pourrait servir d'épilogue au film "Petits meurtres entre amis" du cinéaste anglais Danny Boyle qui s'achevait sur : "Oh oui, je crois en l’amitié, je crois que nous avons besoin d’amis, mais si, un jour, vous vous rendez compte que vous ne pouvez plus leur faire confiance, et bien que se passe-t-il alors, que se passe-t-il ?".