Le Domaine de Chaumont-sur-Loire est réputé pour son Festival International des Jardins qui, non seulement, se présente sous forme d'un concours dont les lauréats de tous pays voient leur projet réalisé in situ avec toute la visibilité promotionnelle que cela soutend, mais draine un public conséquent, tant de professionnels que de particuliers passionnés de jardinage, activité qui est devenue un des loisirs privilégiés des français.

La 18ème édition du festival, intitulée "Jardins de couleur", met l'accent sur l'immense palette végétale et chromatique que la nature met à la disposition des paysagistes et des artistes, palette source d'émotions esthétiques mais aussi plus profondes par la symbolique des couleurs et leur traitement souvent notionnel, ce qui entraîne la diversité et la richesse des propositions présentées qui sont toutes singulières.

Chaumont-sur-Loire, le jardin des jardins

La promenade de jardin en jardin telle une abeille butineuse enivrée par une manne inespérée que devient le visiteur prit par l'exaltation des sens permet de constater que la thématique imposée tout en étant directive laisse ouvert le champ d'interprétation.

Une interprétation qui tient à la conception même du jardin et entraîne deux déclinaisons radicalement opposées selon la place accordée à l'élément végétal.

Ainsi certains jardins sont élaborés et sculptés avec fleurs et plantes qui en constituent le composant principal ce qui peut néanmoins aboutir à des propositions très différentes comme les jardins libres proches d'un jardin "naturel" à l'instar de "Etang donné" ou un jardin domestiqué avec le "Beauty garden" de Christophe Robin, le coloriste invité du festival.

Pour d'autres, en revanche, l'élément végétal n'est qu'un élément secondaire, voire marginal, qui à la transcription d'un jardin conceptuel.

Ainsi par exemple "Apesanteur" qui insère quelques plantes dans un kaléidoscope de glaces noires métallisées.

Certains réussissent une combinaison équilibrée entre végétal, matériaux et objets, comme le jardin "Transposition" qui utilise les différents coloris des végétaux pour une combinaison en forme de cercle chromatique guidé par un paletage en bois qui n'est pas sans évoquer "Soleil n°2" une toile de robert Delaunay.

Ensuite, le mot "couleur" au singulier n'est pas entendu uniquement de manière monochrome. Ainsi si certains jouent totalement la carte de la couleur au sens primaire du terme, aucune ambiguÏté pour le micro-paysage "Voir rouge", d'autres l'entendent au pluriel comme "Les couleurs révélées".

Par ailleurs, la conception des jardins sélectionnés ne repose pas uniquement sur l'aspect esthétique ou ornemental du jardin comme proposition sensorielle à l'image du "paysage participo-chromatique" qu'est le jardin "Mange-tête" qui propose une ludique expérience au visiteur qui peut introduire sa tête dans des bulles colorées qui modifient la perception des couleurs.

Pour une large part, elle s'adresse à l'esprit en l'investissant de façon plus ou moins prégnante d'un contenu symbolique, le jardin concrétisant une idée, un message voire un parti pris quasi métaphysique.

Bien que toutes les propositions retenues soient singulières et uniques, se dégagent des déclinaisons communes.

Ainsi, trouve-t-on les jardins chromatiques avec "Recto-verso" qui joue sur l'opposition entre deux couleurs le vert et le rouge ou "Le jardin des couleurs captives" composé de micro-jardins aux tonalités différentes, le jardin paysage avec "Météorite" ou "La couleur des éléments" et le jardin écologiste avec "Ultra-violet" dont le camaieu de violets évoque la dualité janusienne du soleil.

De nombreux jardins constituent la déclinaison horticole d'un art majeur.

Ainsi le jardin littéraire et poétique avec le jardin madeleine proustienne avec "Lessive en fleurs", le jardin rimbaldien "Voyelles" et le jardin "Poème coloré".

Le jardin pictural avec "Le jardin tableau" qui décline des toiles de Mona Robert, "Pénombre" inspiré par Rothko ou "Du noir de l'eau au blanc du ciel" en hommage à Escher.

Enfin, le jardin tend délibéremment à l'installation plasticienne avec "Ocre Loire" en hommage au peintre Olivier Debré ou "Jaune dort" dans lequel la signalétique urbaine se mêle aux végétaux.

Indispensable, le catalogue du festival qui comporte notamment les croquis des jardins qui sont toujours élaboré "à plat", le jardin étant conçu et vu d'en haut, ce qui ne correspond pas forcément à la vision de l'homme debout.

 

 

A compter de cette année, le festival propose également de découvrir ces jardins à la lueur des leds qui les métamorphosent en "Jardins de lumière". au cours de visites nocturnes.

De plus, le festival a donné une "carte verte" à plusieurs invités dont celui qu'on ne présente plus, l’inventeur des murs végétaux, le botaniste Patrick Blanc, qui revient, 15 ans après, sur les lieux où ont été mis en place ses prototypes qui existent toujours.

Pour cette occasion, il a réalisé dans l'enceinte des somptueuses écuries une création monumentale inédite, la "Spirale végétale", en forme de feuille géante s’enroulant sur elle-même sur une grotte secrète, ainsi qu'à Michel Racine et Béatrice Saurel, respectivement paysagiste et artiste plasticienne investissent le sous bois avec Le sentier des fers sauvages et "cOlOrès" qui habillent les arbres de couleur.

 

 

 

Si on y ajoute la découverte du "Potager de couleur" élaboré par Xavier Mathias, cette 18ème édition du Festival International des Jardins s'avère une totale réussite d'autant qu'il s'insére dans le nouveau Centre d'Arts et de nature qui propose également de nombreuses manifestations collatérales.

Ouvert tous les jours du 29 avril au 18 octobre 2009 et comportant plusieurs points de restauration sur place pour tous les goûts et toutes les bourses, du repas sur le pouce au restaurant gastronomique le Domaine de Chaumont sur Loire offre un cadre estival idéal pour y passer une journée qui ne sera pas de trop pour le visiteur qui veut en découvrir toutes les propositions.