Suite à notre chronique consacrée à Ogres, son premier roman paru en 99 au Rayon Gay, nous sommes entrés en contact avec l’écrivain Pier Angelo Polver. Il a bien voulu répondre (par mail) à quelques questions sur son œuvre, mais aussi évoquer son ami et éditeur Guillaume Dustan. A travers son témoignage, nous en apprenons un peu plus sur son parcours et ses visées artistiques ; mais aussi sur la réalité (parfois démystifiante) du monde de l’édition, vu de l’intérieur.

Quel a été "l’élément déclencheur" de votre envie d’écrire ? Etiez-vous déjà touché par la littérature à l’adolescence ? Quels sont les artistes qui vous ont donné envie de faire ce que vous faites ?

Cela a été plus un pari qu'autre chose. Guillaume Dustan (GD) vivait chez moi quand il a décidé de lancer le Rayon Gay. Il m'a parlé de son projet, j'ai dit que j'avais un roman en cours : c’était un affreux mensonge, mais il m’a pris au mot et fixé une deadline de 15 jours pour rendre le manuscrit ! Ce que j'ai fait. Nous étions pendant la Coupe de Monde de foot en juillet 98 ; j'alternais l'écriture et les matches de foot à la télé avec Guillaume !

J'avais été très touché par les premiers livres de GD et j'avais envie de raconter un peu ma propre histoire à sa façon, mais, disons, de manière moins autobiographique, plus romanesque. Comme GD, je suis un grand fan de Proust et écrire en utilisant le je a toujours fait partie de mes ambitions.

Pour les écrivains qui ont eu une influence, je ne citerais que Hervé Guibert, pour la perfection de son style, sa volonté de tout dire même si le narrateur apparaît alors très antipathique car si l'on tient à dire la vérité, on raconte forcément nos mauvais côtés, lâchetés et blessures infligées aux autres. Les Chiens est sans doute l'un des plus beaux livres érotiques, mêlant hommes et femmes dans une tourmente sexuelle. Le Paradis, son dernier roman, est magnifique et m'a beaucoup influencé par le côté palimpseste du texte. Sinon, le Mausolée des Amants est pour moi le sommet de l'autofiction, oui, bon, je sais, c'est normal, c'est un journal, lol.

Est-ce que vous revendiquez le genre "autofiction" ? Qu’est-ce qui vous plait, ou au contraire vous gène dans cette étiquette ? Pouvez-vous expliciter quelle est la part de vérité personnelle et celle d’invention, dans la littérature telle que vous la pratiquez ?

Contrairement à Angot ou à GD, je ne verse pas dans l'autofiction, mes livres, s'ils sont inspirés de personnages et de situations réelles, sont avant tout des romans où l'imagination est le carburant principal. Je suis loin d'une dogma autofictionnelle. Je tenais avant tout à transmettre mon amour des hommes costauds, poilus et baraqués ; "bear is beautiful", mon credo, est la trame de mes romans plus que raconter mon existence point par point.

Avez-vous très tôt eu envie d’écrire sur le sexe ? Quels sont vos auteurs de référence en la matière ? Lorsque vous décrivez une scène de cul, tentez-vous par tous les moyens de la rendre érotique ou pornographique ? Cherchez-vous à susciter le désir chez votre lecteur ?

Oui le sexe m'intéresse depuis toujours dans la littérature, disons depuis qu'à 13 ans je lisais en cachette les romans d'Henri Miller. D'une part, car mon plaisir érotique est aussi bien titillé par les mots que par les photos, et relire les anthologies érotique de Pauvert me fait encore plus bander que visionner des pornos amateurs sur Xtube.com.

D'autre part, si les écrivains sont tous un peu des putains, je le suis encore davantage car rien ne me fait plus plaisir que la jouissance des mes lecteurs (clients). Par exemple, j'ai aimé recevoir un email d’un garçon qui m’avouait n'avoir jamais lu auparavant d'autre roman que le mien. Comme on lui avait dit que je célébrais les "bears" dans mes livres, il avait acheté le roman, l'avait lu difficilement mais s'était joyeusement masturbé pendant les scènes chaudes.

J'ai d'ailleurs écrit la suite d'Ogres en partie pour mon public qui me réclamait encore des histoires érotiques avec des gros poilus... et si je pense que mes livres sont plus que des histoires érotiques et pornographiques, je me satisfait néanmoins qu'on reconnaisse mon habileté et ma science à décrire des parties de jambes en l'air.

Etes-vous excité vous-même, lorsque vous écrivez des scènes de sexe ?

Oui, je suis excité ; on est son propre lecteur... et puis les scènes de cul dans le livre sont des bons souvenirs ou des fantasmes non réalisés... Si la relecture d'une scène ne me fait pas bander, alors c'est que j'ai raté cette scène !

Avez-vous l’impression d’écrire à destination d’un public gay, ou croyez-vous que votre littérature est aussi susceptible d’intéresser un lectorat universel ? Que répondez-vous à ceux qui stigmatisent la "ghettoïsation" à laquelle participent vos bouquins ?

Je suis contre la ghettoïsation de n'importe quelle forme artistique ou intellectuelle. Je suis conscient de l'importance des "gender studies" aux USA mais un roman est bon ou mauvais, peu importe qu'il soit gay ou non.

Quand Guillaume m’a parlé de son projet de Rayon Gay, nous nous sommes engueulés sur ce point, car je pensais que mettre "gay" sur la couverture allait empêcher bon nombre de personnes d'acheter le livre et l'impact des oeuvres serait ainsi moindre. J'avais proposé de juste utiliser le mot Rayon ; ce qui a finalement été fait, quelques années après.

Moi, j'ai eu la chance qu'Ogres soit publié par la suite en poche dans une collection hétéro et distribué dans les Relay, j'en ai vendu plus de 20 000 et j'ai touché alors un public non gay. Rien ne me réjouit plus que des compliments venant de lectrices car là j'ai l'impression d'avoir atteint mon but : écrire un roman pour tout le monde, un roman drôle et émouvant, érotique, bien entendu.

Dans Ogres, vous stigmatisiez un peu le "fascisme" des apparences qui était de mise, dans Le Marais, à la fin des années 90’s. Avez-vous constaté une évolution depuis cette époque ?

Oui absolument la société gay a évolué... J'ai écrit mon roman en 98 mais les faits se déroulent plutôt au début de 92 avant la révolution internet et de l'explosion du mouvement bear. Pour rire, mon livre c'est un peu les lettres persanes bear : comment être un amoureux des nounours à Paris.... Il y a plusieurs bars pour bears à Paris désormais et le poil est revenu très à la mode... Et puis, le fantasme de coucher avec un hétéro n'est il pas le premier fantasme gay?

Comment avez-vous connu Guillaume Dustan, et quels étaient vos rapports ?

Guillaume qui s'appelait alors William Baranès est un ami de classe, nous nous sommes rencontrés au collège, à Jacques Decour. Puis en Khâgne à Henri IV. Nous avions beaucoup d'amis en commun et jusqu'à la fin il est resté mon ami malgré les crises de démence les deux dernières années. Je l'ai hébergé longuement et il a écrit Nicolas Pages chez moi. Je suis Pierre dans le roman.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces "crises de démence" que vous venez d’évoquer ?

Les deux dernières années de sa vie, GD les a passées essentiellement dans un HP, sans savoir si ce sont les médicaments ou le sida qui agissaient sur son cerveau. Il avait des crises de paranoïa et des formes de schizophrénie. Lorsqu'il est décédé, il venait juste de sortir de l'hôpital, allait à nouveau beaucoup mieux et revoyait ses anciens amis. Il avait de nouveau des tas de projets.

Comment s’est passé le travail sur votre manuscrit, avec lui ? Etait-il intrusif, à vous faire reprendre ou recommencer ceci ou cela ? Ou bien laissait-il plutôt le champ libre ?

Il donnait des conseils mais ne faisait pas un travail d'éditeur à proprement parler. Il n' y avait pas de correcteur chez Balland et il a fait les corrections lui-même (hélas, j'ai relevé par la suite 13 fautes d'orthographes et coquilles dans la publication.)

Balland était pourtant une maison d’édition à succès, si je ne m’abuse… Avez-vous eu l’impression d’une "précarité" dans cette collection spécifique ? Vos livres ont-ils, de ce fait, bénéficié d’une promotion digne de ce nom ?

Oh non, il n'y avait pas un radis pour le Rayon. Pas moyen de payer un correcteur. Pas d'attaché de presse. C'était la débrouille ! Seule l'image de Guillaume Dustan dans les médias nous a servie pour la promotion de nos oeuvres. Du reste je me suis fait avoir car Balland a cédé les droits d'Ogres au Cercle Poche et comme il a fait faillite, je n'ai jamais été payé... 20 000 vendus et comme je suis le dernier créancier, je n'ai RIEN touché... Bon maintenant, j'ai récupéré les droits et je pense rééditer mes oeuvres en créant ma propre boîte d'édition.

L’écrivain Erik Rémès a déclaré, sur son blog, que Dustan était un mauvais éditeur, qui avait passé plus de temps à se faire mousser (et se faire des relations) qu’à suivre ses auteurs. Qu’en a-t-il été avec vous ? Pourquoi, contrairement à d’autres, n’avez-vous pas publié de 2e roman dans la collection ?

La collection s'est arrêtée quand j'ai fini la suite d'Ogres. Erik Rémès oublie à quel point GD l'a aidé. C'est mon avis.

Avez-vous eu conscience, en l’écrivant, des connexions que Ogres pouvait entretenir avec certains romans de Guillaume Dustan ? Avez-vous ressenti son influence ?

Oui de façon indéniable. Nous avions des discussions à bâton rompu. Et je suis un grand fan de son oeuvre. De son humour froid aussi. De l'utilisation du présent. De la condition homosexuelle ramenée terre à terre et non idéalisée comme dans beaucoup de romans homo auparavant.

Comment avez-vous vécu votre passage au Rayon ? Avez-vous eu l’impression que cette collection était cohérente et soudée ?

Au début oui, ensuite, GD gagnait de l'argent à chaque oeuvre rapportée et il a toujours vécu en se battant contre le manque d'argent, alors... C'est devenu un grand fourre-tout à la fin. Malheureusement. Car le projet initial était beau.

Pouvez-vous expliciter ce que vous entendez par "fourre-tout" ?

Sans trahir Guillaume, je ne suis pas sûr qu'il aimait ou même qu'il ait vraiment lu certains ouvrages publiés à la fin... C'était 2500 euros par livre publié, je crois… Il était un type génial, mais aussi un sacré branleur et de très mauvaise foi la plupart du temps...

Avez-vous lu les autres ouvrages du Rayon ? Quels sont ceux qui vous ont marqué, et pour quelles raisons ? Trouvez-vous cohérent d’avoir ouvert ses portes à certains auteurs hétérosexuels ?

J'ai aimé les livres des femmes en particulier, comme Dorothy Allison (Peau) ou Cécile Helleu (Soleil Même, Waow). J'ai dû en lire une dizaine en tout. Pour les hétérosexuels, je suis d'accord , il y a une folle qui sommeille en chaque hétéro... ou une butch !

Pour en revenir à Ogres : comment l’avez-vous écrit ? D’où vous est venu l’argument narratif ? Comment avez-vous réussi à maintenir l’intérêt du lecteur, malgré le côté a priori répétitif des rencontres et plans cul ?

Comme je disais, je l’ai écrit très rapidement pour la cohérence du style. C'est un roman d'initiation donc les scènes de cul sont graduées, le personnage progresse vers la vérité qu'il va à la fin découvrir sur lui-même. Les scènes de cul ne sont pas des descriptions mais des éléments narratifs. C'est une quête de l'identité à travers la sexualité, une sexualité inédite, incontrôlée, ogresse. Le narrateur couche avec des ogres avant de se rendre compte qu'il est lui-même un ogre. Un peu comme les films de vampires.

Est-ce que la situation du narrateur a réellement quelque chose à voir avec la vôtre ? Avez-vous vous-même été hétéro ? Vécu quelque chose se rapprochant de cette trame ?

Oui, il s'agit un peu de mon histoire, du reste j'ai incorporé dans le livre des notes de mon journal. Ce qu'il ne peut pas dire à la psy, ce sont les notes de mon journal intime.

L’écriture de ce roman, même s’il ne s’agit pas d’autofiction, vous a-t-elle éclairé sur certains points de votre personnalité que vous ignoriez (ou faisiez semblant de ne pas voir) ? Est-ce que l’écriture de fiction a fait ressortir de l’inconscient des choses qui, jusque-là, vous avaient échappées ?

Complètement ! bien mieux qu'une psy, maintenant j'assume complètement mon amour des gros et depuis que j'écris, mes amant sont de plus en plus gros, lol

Dans Ogres, j’ai relevé de courts passages un peu plus théoriques, où vous parliez des drogues, de la question des genres, ou d’autres qui esquissaient une petit sociologie du milieu gay. N’avez-vous jamais eu la tentation d’accentuer ce versant théorique et vous lancer dans un véritable essai ? (Comme a pu le faire Guillaume Dustan, justement, surtout à partir de Génie Divin…)
Et sur ce point précis, que pensez-vous de l’évolution de ses livres, lorsque la théorie revendicatrice a pris le pas sur l’autofiction sexuelle ? (beaucoup de gens l’ont lâché à ce moment là, il me semble… moi-même, je ne mets pas ses 3 derniers ouvrages sur le même plan que les 5 premiers)

Non je voulais faire surtout des romans qui racontent une histoire, parlent un peu de ma vie mais raconte un pan de la destinée humaine, s'interroger sur notre identité et sur les choix que nous faisons dans la vie...Je me sentais de toute façon complexé par rapport à GD qui a toujours été le prodige, le puits de culture et puis qui a fait des études de philosophie alors que moi c'était l'histoire et la sociologie…

Je suis d"accord avec vous sur ces derniers livres qui ont été écrits souvent par réaction contre ses détracteurs, contre Act-Up, les médias... mais on trouve toujours des perles, comme dans Génie Divin... Ce qui est très important à savoir sur GD, comme je vous l'ai dit, c'est qu'il était d'une mauvaise foi absolue et cela a été bien croqué par le romancier Tristan Garcia (auteur de La Meilleure Part des Hommes, prix de Flore 2008)... Guillaume a souvent (je peux le jurer) écrit l'exact opposé de ce qu'il pensait au fond de lui, pour faire chier, pour provoquer ou pour appeler au secours.

Vous avez lu ce que j’ai écrit sur votre livre dans ma chronique. Y’a-t-il des choses qui vous ont chiffonné ? Des interprétations que vous jugez erronées ? Des points que vous voudriez éclaircir ou corriger ?

Non, j'ai beaucoup aimé le papier et vous avez appuyé là où ça fait mal : je sais que le début est raté, trop rapide, mal écrit... Pourtant c'est ce que j'ai écrit en dernier, j'ai fini le livre par le premier chapitre. Dans tous les papiers qu'on a écrit sur le livre, journaux ou chroniques sur le net, on ne mentionne pas l'humour du livre. La traduction en anglais du livre a été difficile dans la mesure où je tenais à ce que les pointes d'humour soient respectées.

Ogres a été adapté au théâtre, sous le titre "Gross". Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle version de l’œuvre ?

Effectivement, le roman a fait l'objet d'une adaptation théâtrale très réussie (je peux le dire car je n'ai absolument pas participé à l'adaptation et à l'éclatement chronologique qui en résulte)... Geoffrey Coppini, qui en est responsable, a mis le personnage féminin au centre de la pièce et c'est une idée extraordinaire, je pense.

Le spectacle a tourné dans les grandes villes du sud de la France... J'espère que la pièce sera jouée rapidement à Paris. Tout ce qui était dans Ogres se retrouve dans Gross, mais la chronologie, le focus sur la femme, sont différents... Il y a 3 acteurs sur scène et utilisation de la vidéo. (dossier de presse de la pièce)

Je n’ai pas (encore) lu vos autres livres. Pouvez-vous me parler un peu de la suite de cette trilogie (Mon âmOurs, Liens Sacrés) ? S’agit-il encore de personnages obsédés par les "bears", et si oui quelles situations différentes avez-vous pu inventer cette fois ?

Oui il s'agit bien de la continuité d'Ogres mais 9 ans après. Le narrateur s'est mis en ménage avec un gros ours. Ils décident d'ouvrir un bar cuir au fin fond de la France. Un roman dans l'esprit des comédies sociales anglaises. Bon, le personnage reste toujours un grand obsédé sexuel ! et un père qui ne sait pas très bien comment agir avec son fils... A la fin des Liens Sacrés, le personnage retourne vers les femmes pour fonder une famille : hé oui, il ne pense qu'à lui et devient un renégat... Je n’ose plus dire que je suis Polver dans le milieu bear car beaucoup veulent me couper les c... après avoir lu ce revirement.

De ces trois livres qui apparemment se répondent, quel est celui que vous préférez, et pourquoi ? Croyez-vous que votre écriture a beaucoup évolué, depuis 10 ans ?

Ogres reste un peu mon préféré même si les Liens sacrés me touchent beaucoup, un roman picaresque où j'ai écrit les meilleurs scènes de cul, et puis de loin le plus drôle des trois... Dans la communauté bear, tout le monde aime surtout Mon âmOurs car c'est une histoire d'amour et la couverture a eu beaucoup de succès

Vous sentiriez-vous capable d’écrire un jour un "pur" roman ; je veux dire, quelque chose d’entièrement fictionnel, avec une histoire très différente de la vôtre ?

C'est déjà fait mais pas sous le pseudo Polver.

Pouvez-vous nous en dire plus, ou bien est-ce un vrai secret ?

Sans doute est ce de la schizophrénie, mais je ne mélange pas Polver et le reste de mes oeuvres... Je crois que c'est un plaisir incommensurable de vivre une partie de sa vie sous un nom d'emprunt, si on ne mélange pas les genres et nos diverses apparences...

Vous avez lu le roman de Tristan Garcia (La Meilleure Part des Hommes), dont le personnage principal est censé évoquer Guillaume Dustan… L’y avez-vous reconnu ?

Oui, et même si j'étais un grand ami de GD, le roman m'a fait hurler de rire, notamment la scène à l'ANPE, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer Guillaume dans cette scène avec ses outrances (même s’il était, au fond, d'un naturel plutôt timide). Le livre de Garcia est un bon livre quoique un peu vain. Bon, j'aurais aimé l'écrire, après tout je connaissais mieux cette période et les personnages que lui. Dommage...

Qu’avez-vous pensé de toute cette polémique sur le "bareback", qui a fini (médiatiquement) par avoir raison de Dustan ?

Le bareback a surtout tué la critique littéraire à propos de GD. On n'a retenu que cette polémique. Mais je suis certain que plus tard on reconnaîtra l'importance de son oeuvre à sa juste valeur.
N'oublions pas aussi les films qu'il a tournés avec sa caméra numérique. Ils ont été projeté à la Cinémathèque et à la Femis ; on retrouve bien GD dans ses films.

Que devenez-vous et quels sont vos projets ? Ecrivez-vous à temps plein, ou bien travaillez-vous à autre chose dans "la vraie vie" ? Etes-vous REELLEMENT (comme dans votre roman) un riche héritier qui n’a plus besoin de bosser ??? Si oui, quelle veine…

Après avoir été diplomate, je suis parti m'installer en Californie pour chasser les gros grizzlies... Aujourd’hui, je suis de retour en France, même si je voyage encore beaucoup aux States... Sinon, pour le reste de la question : joker héhéhé...

L’interview touche à sa fin… Avez-vous une dernière chose à ajouter ?

J'aimerais que cette interview rende hommage à Guillaume Dustan, pour son talent et pour nous avoir publiés, car sans lui nous aurions sans doute rencontré l'échec dans la recherche d’une maison d’édition. Un hommage, oui, même s'il était parfois un sacré fils de pute...

Je me souviendrai toujours de son enterrement, du soleil incroyable qui régnait alors, en fin d'automne, anachronique, lui qui aimait tant le soleil… Et du kaddish prononcé par son père, avec qui il avait pourtant eu des rapports si difficiles… Dans Plus Fort Que Moi, il dit au début : "Mon père était le soleil…"