Dans le cadre de sa programmation "Un timbre - un artiste", le Musée de La Poste propose avec l'exposition "Le bestiaire d'André Masson" de découvrir ou de redécouvrir, à travers une thématique récurrente dans son œuvre, une figure majeure du surréalisme qui a rarement les honneurs de la scène muséale.

Proposée dans une scénographie réussie de Patrick Bléau notamment pour la présentation des illustrations d'œuvres littéraires et le cabinet érotique, l'exposition, conçue sous forme de rétrospective par la commissaire Josette Rasle, réunit un nombre important d'œuvres, huiles sur toile, aquarelles, dessins et gravures qui dressent par ailleurs un beau panaroma de la virtuosité technique de l'artiste.

"Surprendre la vie à sa source"

André Breton disait qu'il voulait "surprendre la vie à sa source. Et comme ses pairs depuis l'Antiquité et ses aînés, Picasso et Chagall, André Masson, passionné de nature, est obsédé par la mythologie, fabuleux thésaurus de toutes les passions et pulsions humaines.

Une mythologie chère aux surréalistes par sa puissance allégorique et symbolique, véhicule du tragique de la condition humaine, mais également sa composante fondamentale qu'est le couple Eros-Thanatos, avec l'érotisme comme clé de voûte, et révélation de la dimension sacrée avec les rites païens de transformation de l'homme. Sur ce point, en automne-hiver 2008, l'exposition consacrée à Jackson Pollock et à ses accointances avec le chamanisme, qui s'est tenue à la Pinacothèque de Paris, présentait quelques toiles de André Masson dont le peintre américain revendiquait l'influence.

La thématique du bestiaire, un bestiaire dont la composition et le style se transforment au fil de son évolution picturale, qu'il soit naturaliste ("Chat dans l'herbe") ou fantastique ("Oeuf de coq se fermant") permet de suivre l'évolution du style du peintre et du dessinateur depuis ses débuts cubistes ("Bestaire"), du surréalisme ("Le pianotaure") avec les déclinaisons du mythe du labyrinthe avec le minotaure ("Pasiphaé") et le taureau (Tauromachie au soleil"), à l'expressionnisme abstrait ("Jeune fille dans une basse cour") avec des incursions dans la forme-figure à la Miro ("L'oiseau blessé") et la figuration gestuelle ("Actéon dévoré par les chiens").

Un langage plastique éblouissant basé sur la maîtrise du trait dont André Masson va poursuivre inlassablement la prospection de l'huile au pastel ("Tigre"), avec les entrelacs de sable et de colle, le tracé à l'encre de Chine, la calligraphie sur tous les support de la toile au papier calque ("Elan dévoré par les chiens"). Un tracé dynamique souvent jubilatoire qui entraîne hiomme et animal dans des danses de vie et de mort centriifuges particulièrement ("Les chevaux de Diomède", "La grande tauromachie", "Les coqs rouges"). La passion du trait l'amènera d'ailleurs à délaisser la peinture pour se consacrer à la gravure.

L'exposition comporte également un volet audio-vidéo avec la diffusion de films documentaires ("A la source, la femme aimé" de Nelly Kaplan et "André Masson et les quatre éléments" de Jean Grémillon) et des entretiens avec André Masson.