Comédie dramatique de Pierre Casadei, mise en scène de André Nerman, avec Anna Jahjah et Pierre Casadei.

Dans le cadre du cycle Molière du Théâtre du Nord-Ouest, Pierre Casadéi et la Compagnie Pausilippe propose "Agnès impromptue", dont il a écrit le texte, un texte sensible en forme de variation contemporaine de l'amant pédagogue du Siècle des Lumières et qui établit également un parallèle intéressant avec le personnage d'Arnolphe de "L'école des femmes" et avec Molière lui-même.

En effet, un homme à l'automne de sa vie et malade, directeur de troupe, comédien et metteur en scène, clôture son audition pour le personnage d'Agnès, dans ce qui sera sans doute son dernier opus, et peut être son dernier amour, avec une candidature inattendue, celle d'une jeune fille au prénom éponyme qui se présente avec toute la naïveté et les illusions d'une jeune comédienne passionnée mais à la formation très approximative dispensée par un professeur "cool".

"Agnès impromptue" traite à la fois d'une rencontre humaine lumineuse, qui comptera dans la vie des deux protagonistes, et de l'art du théâtre soutendus d'une réflexion sur, entre autres, le théâtre, le métier du comédien, une technique avant d'être un art, le travail du texte et le systématisme du théâtre d'aujourd'hui de procéder à la relecture et à la contemporanéisation du répertoire classique.

En effet, "le maître", subtilement incarné par Pierre Casadéi, se trouve confronté à des troubles et pulsions bien légitimes et évidentes : la personnalité attachante de la jeune fille excite la fibre pygmalionesque du metteur en scène, qui se pique au jeu, et à la vocation, de la faire accéder à l'art théâtral mais également les sens de l'homme,

Anna Jahjah, comédienne "vivante" et expressive, donne à son personnage, l'archétype de la jeune comédienne sans expérience en manque non seulement de technique mais également de repères, de belles couleurs et une vraie réalité à son évolution au fil des répétitions.

Sobrement mis en scène André Nerman, ce spectacle ne peut que captiver le spectateur notamment en qui se lève le voile du travail invisible sur scène, et toujours un peu mystérieux, qui nourrit la représentation théâtrale.