Texte de l'interview radiophonique, mise en scène de Aurore Ly, avec Erwan Courtioux, Gildas Loupiac, Alain Pretin et Alain Lagneau.
Le 6 janvier 1969 a lieu une rencontre, devenue d'anthologie, restée unique et immortalisée par le photographe Jean-Pierre Leloir, entre les trois auteurs-compositeurs-interprètes qui règnent sans partage au panthéon de la chanson française.
Georges Brassens, Léo Ferré et Jacques Brel acceptent de participer à une interview à trois voix devant le micro du journaliste François-René Cristiani, interview qui sera partiellement diffusée sur les ondes de RTL puis publiée dans le magazine Rock et Folk.
Leurs réponses sur des sujets banaux comme la poésie, l'amour, Dieu, la politique, les femmes, revêtent un caractère complètement surréalistes, frisant des "Diablogues" de Dubillard, diablement jubilatoires et hallucinées, truffées d'humour désespéré à la Cioran, sont plus hallucinées que si elles avaient été pondues par un humoriste inspiré à la Desproges.
La mise sur scène, et en scène, de cette interview par la jeune comédienne et metteur en scène, Aurore Ly, est une belle réussite car elle parvient à redonner vie à ceux qui sont devenus des mythes et à évoquer leur mémoire sans en faire des caricatures ni dénaturer le matériau pour le théâtraliser.
Les trois comédiens, Erwan Courtioux, Alain Pretin et Alain Lagneau, dont le physique présente une certaine ressemblance avec ceux qui se définissaient comme de petits artisans de la chanson, sont époustouflants et portent le texte avec une telle spontanéité que le spectacle est terriblement vivant, jubilatoire et émouvant dans ce qu'il révèle ou du moins éclaire la réalité quotidienne, presque intime, de ces trois hommes.
Ceux qui les ont raté au Théâtre du Nord-Ouest ont droit à une deuxième chance car le quatuor, il ne faut pas oublier Gildas Loupiac dans le rôle du journaliste un tantinet démuni qui tente de rebondir sur les pics loufoques, investit le Funambule Montmartre. Et pour les autres, une bonne raison de retourner les voir.