Spectacle conçu et mis en scène par Alfredo Arias à partir d’une nouvelle éponyme de Chantal Thomas, avec Sofiane Aberkane, Ninon Brétecher et Alfredo Arias.
Pour ce spectacle théâtro-gustatif au titre éponyme, Alfredo Arias a adapté et mis en scène "L’île flottante", une nouvelle de l’écrivain et psychanalyste Chantal Thomas, sur fumet de soupe de maïs au pop-corn, recette originale concoctée par Alain Passard, chef au front triplement étoilé du restaurant l’Arpège situé dans le 7ème arrondissement parisien, avec qui cette dernière avait mené des conversations culinaires réunies sous le titre "Jardinière Arlequin".
Alors qu’en fond de scène du Studio du Théâtre National de Chaillot, transformé en cantine-laboratoire, certains spectateurs y étant attablés, le marmiton toqué, le vrai cuisinier Sofiane Aberkane, officie aux fourneaux dont émanent des d’odorants effluves sucrés, une petite fille duelle raconte les aventures alimentaires qui l’amènent avec son double, amie siamoise ou sœur jumelle, à refuser le monde cannibale des adultes en décidant, notamment pour embêter leurs parents, de n’ingérer que des nourritures blanches.
Des aliments souvent insipides, inodores, et sans saveur, attachés à la symbolique de la nutrition enfantine mais aussi liés à une volonté de se détacher de plaisirs gustatifs pour se consacrer à ceux de l’esprit qui flirte avec les territoires troubles de l’anorexie.
Cet univers est subitement contrarié par l’intervention inopinée d’un abat-jour, fervent adepte de l’épicurisme comestible, dont la devise est de brûler la saucisse par les deux bouts, et qui rétorque par une addiction forcenée aux nourritures terrestres consistantes, caloriques et hautes en couleurs.
Le duo Ninon Brétecher, comédienne diaphane et délicate, parfaite pour incarner cette Alice au pays des horreurs de la chère, et Alfredo Arias, clown hédoniste à l’accent irrésistible, est un régal.
Dans une mise en scène qui mise davantage sur la fantaisie ludique que sur la démesure, souvent attendue de sa part, et qui porte le texte à la fois intelligent et loufoque, Alfredo Arias a mitonné une vraie friandise. Bon appétit, bien sûr !