Rencontre avec Molly à l'occasion de la sortie de son premier album Bang, Bang, Bang !

Peux-tu nous raconter un peu tes débuts?

Molly : C'est le hasard qui m'a amené à faire de la musique. Il y avait une vieille guitare chez moi, mon copain de l'époque m'a montré quelques accords. Là dessus, je suis partie en Angleterre en Erasmus et la guitare m'a suivie ! J'ai beaucoup joué seule dans mon coin, puis comme il y a beaucoup de scènes ouvertes, je me suis essayée à la scène avec des amis de là-bas. Je me suis retrouvée un jour à faire une reprise de Cat Power, "Nude as the News" en l'occurrence et ça a été un déclic. Même si j'étais morte de trouille au début, tout a disparu dès que j'ai commencé à chanter.

Je me suis jurée qu'avant de rentrer en France, je devais monter sur scène et jouer mes propres morceaux. J'écrivais déjà beaucoup et j'ai tout de suite composé, tout cela est venu très naturellement. J'ai donc fait deux concerts avec mes morceaux avant de rentrer en France, et dès mon retour, j'ai fait ma première maquette. Tout s'est enchaîné très vite, j'étais entourée de musiciens et de gens qui ont pu m'aider à enregistrer.

Là c'était seulement guitare/voix. J'ai fait quelques concerts, mais j'étais étudiante ce qui voulait dire diplôme à passer !J'ai repris après ça, en étant accompagnée d'un ami, Stephan, qui a pris en charge les guitares, ce qui a permis de faire évoluer les morceaux. Quand j'ai été prête à faire quelque chose de plus étoffé, j'ai appelé Nikko (Ex Dolly) que je connais depuis très longtemps qui a produit le disque et a fait les guitares.

Ca a été un long cheminement mine de rien !

Molly : C'est vrai que quand je le raconte, ça a l'air d'avoir duré des années, mais finalement, tout s'en enchaîné assez rapidement. Ca doit faire huit ans que je joue. J'ai fait des démos assez vite et aussi des vraies scènes.

Un album, au bout de huit ans, ça peut paraître long non ?

Molly : Entre le moment où on compose et le moment où on fait des concerts, il y a déjà un passage. Entre les concerts et le passage en studio, c'est encore autre chose. Et alors après, le moment où on est prêt à rentrer en studio et qu'on a les moyens de le faire, encore autre chose. Pour moi, tout s'est assez bien combiné. J'étais entourée de gens compétents et talentueux, cela facilite beaucoup de choses. Je me sentais prête à chaque grande étape: concert, studio, album.

Pour cette tournée, tu fais les concerts en groupe. Vas-tu reprendre les sets guitare/voix?

Molly : J'en ai fait un pour la sortie de l'album, mais je ne "vends" pas le concept guitare/voix pour cette tournée. Mais j'ai l'intention de le faire, mais pour cela, il faudrait que je sois plus assidue à travailler ma guitare, car pour l'instant, sur un set de 45 minutes, je ne tiens pas ! Une demie heure à la rigueur, mais je risquerais de devenir vite chiante! Mais c'est sûr que l'acoustique fait ressortir des facettes différentes des morceaux, c'est très intéressant.

Peux-tu nous parler un peu de ton style d'écriture? Il est assez ludique non?

Molly : Quelqu'un m'a dit une fois que j'avais une écriture très sensuelle, dans le sens où j'utilise beaucoup de qualificatifs en rapport avec les sensations. C'est assez charnel, je suis très tactile, j'adore chanter parce que j'aime la sensation que cela procure. Je vis les choses comme cela, et ça influe sur mes textes. J'utilise beaucoup les images. Une caresse ou une émotion, c'est très difficile à qualifier. Les mots sont souvent froids et donc il est plus facile d'utiliser des comparaisons, comme dans "Claquement de cils".

Et écrire pour les autres?

Molly : J'adore ! La première fois que l'on me l'a proposé, on m'a donné la musique. J'étais désemparée sur le moment parce que je me suis demandée si ce que je vivais était transposable pour quelqu'un d'autre. En l'occurrence, j'ai fini par chanter moi-même cette chanson. Mais pour la deuxième, j'ai écrit pour un garçon. Et j'ai adoré ! Cela m'a fait prendre conscience que j'assumais totalement d'écrire en français. J'aimerais vraiment continuer... Tu peux faire faire et dire des choses aux gens qu'ils n'auraient pas forcément fait ou dit.

Tu fais beaucoup d'autres choses, de la sculpture, de la gravure, de la couture. Qu'est ce que ça t'apporte de plus que la musique? Est-ce un complément?

Molly : C'est drôle car le dernier support artistique que j'ai fait c'est la musique. Je dessine depuis toute petite, je couds depuis que j'arrive à la hauteur de la machine ! Mais la première fois que j'ai chanté sur scène, j'ai eu l'impression que tout ce que j'avais fait jusqu'ici se retrouvaient regroupés dans un support qui me permettait de tout faire. Du coup, mes autres activités sont passées au second plan. Mais je pense que je mets en peinture des choses plus profondes. Souvent, je peins quand je n'arrive pas écrire. La couture, c'est de la pure création ludique et la sculpture aussi.

Tu n'imaginerais pas plus tard, un peu comme fait Jeffrey Lewis, associer sur scène peinture et musique?

Molly : Je suis une grande fan ! J'ai fait sa première partie, il y a quelques temps. Je pense que pour l'instant, je n'en suis pas là, je n'assumerais pas. J'aimerais beaucoup, dans le futur, faire une expo et un showcase, mais encore fois, c'est une autre étape à passer, comme pour le studio.

Qu'est ce qui t'inspire au niveau musical? Et pour les textes?

Molly : Du point de vue des influences, certains disques qui ont changé ma vie. Debut de Bjork, Rid of me de PJ Harvey...

Beaucoup de trucs de filles alors !

Molly : En fait, j'écoutais beaucoup de trucs de mecs jusqu'à ce que ces deux nanas arrivent! Après Nick Cave, Johnny Cash...Globalement, des choses assez mélancoliques et acoustiques, pas tellement de trucs rock.

C'est pourtant ce qui ressort le plus !

Molly : Je m'exprime de cette façon là, même si j'écoute beaucoup de trucs qui pleurent en général ! Après, je m'inspire des choses que je lis et de ce que je vis. Les garçons, les histoires d'amour, les peurs viscérales qu'on a tous...J'écris très vite, du coup c'est très peu intellectualisé, très instinctif.

Peux-tu définir ta musique en trois mots?

Molly : Rock, féminine, impertinente ! Voilà !