There’s a new man in town... Roulotte et chapeau de paille, mais sans décor carton pâte. Seb Martel n’est pas à proprement parler un inconnu des services. Multi récidiviste et guitariste oeuvrant depuis quelques années déjà dans l’ombre de Chedid fils, plus connu sous le nom de Mathieu.
Profitant du succès de M, on l’imagine, le Martel tambourine sec avec ce premier album solo composé de 2 faces comme dans l’ancien temps. L’une rurale, Country side, et l’autre plus urbaine, City limits. Deux Cds pour se faire une idée du bonhomme, ses mondes et perspectives. Dualité de l’homme affirmé.
Country side. Si PJ Harvey a déjà tenté l’expérience des oppositions créatrices entre ville et campagne sur Stories from the city, stories from the sea, autant dire que l’expérience de Seb Martel en est très éloignée.
Loin du rock basique, proche de l’expérimentation country sur le bluffant "Motus" avec sa basse alternée à la Johnny Cash, Martel se lance dans l’aventure toute guitares dehors, mais rarement électriques. Une bouffée d’air frais pour réapprécier les mélodies loin des fuzz, douces et enfantines ("Ma veine") dans ce qu’on appellera noblement de la Variété française. Sans injures.
Et la première partie, Country side, explore comme elle l’annonce la face champêtre des influences de Martel, ses guitares hawaiennes très Lee Reetenour 70’s dans la forme ("To get her"), sans oublier bien sur l’apparition en guest de Chedid sur le très sensuel soul "Together". "Together" et son souffle chaud, ses accords blues motown s’avère sans surprise être la meilleure de ce premier cd.
Tant musique d’ambiance qu’aire de détente, Country side rassure cependant sans convaincre. La désagréable impression d’être en face des musiques d’autoroute de Biolay colle au tympan ("Ma veine").
City limits. Seb Martel a bien appris sa leçon sur Dylan au Royal Albert Hall, le passage à l’électricité comme principal moteur des dynamiques musicales. Et City limits s’embraye parfaitement à la première face, simple mise en bouche. D’emblée "Rollercoaster" oscille entre le Kravitz des bons jours et la folie furieuse des premiers Chedid, qui revient justement sur "Cage" pour une bluette acoustique qui lentement dérive en odyssée Ledzeppelienne sans les groupies du premier rang.
Au-delà du cas Chedid, c’est une dream team musicale, appelons cela une famille, qui entoure Martel pour ce premier album, de Fred Poulet à Piers Faccini à l’harmonica sur le stonien "Brume", Cyril Atef sur moult drums. City limits, après plusieurs écoutes, s’entend comme une promenade urbaine dans le NY 70’, le Big Apple de Starsky & Hutch, veste cuir limée jusqu’à l’os, "Shaft" d’Isaac tournant sur la platine.
La pluie qui clapote sur le bitume ("Attends-la") et augmente en intensité, les bars enfumés, l’insouciance nocturne des samedis soirs qui n’en finissent pas avec un Martel très en voix, reconnaissons le, sur l’ensemble des titres. Quitte à carrément taquiner la bossa sur "Terry’s sky". Une grande malle à jouet avec des cow-boys et des indiens, par milliers, rangés par influences éparses.
Pas de quoi se branler le manche par terre, et pourtant de bons moments. Simple amourette de l’automne qui commence, en sachant parfaitement qu’elle ne passera pas l’hiver indemne.
Au pire, au mieux, ira-t-on voir ailleurs si le riff est plus vert… Et puis finalement revenir au bercail.