Parmi les disques qui tournent en boucle sur ma platine – et le mot "boucle" trouve ici une belle signification, il y a cette œuvre originale, surprenante et envoûtante.

En préambule, précisons que Geins’t Naït (avec Thierry Mérigout, dernier membre en activité du groupe) et Laurent Petitgand (connu notamment pour ses musiques de films et sa longue collaboration avec Wim Wenders) enchaînent les projets et les expérimentations sonores depuis 2014 mais leurs singularités régalent nos oreilles depuis plus de 30 ans.

Pour cet opus, s’ajoutent au duo Scanner, londonien virtuose des collages sonores, très actif de la scène underground depuis les années 90 et le violoncelliste Siril Tiebo. Expérimentations et expériences donc pour 10 titres et 47 minutes d’exploration, de sonorités industrielles mais pas que, loin de là. Cet album est présenté comme plus calme et atmosphérique que le précédent OLA (janvier 2023).

Et il y avait comme un "Il était une fois..." démontre tout l’art de raconter des histoires. L’art du bricolage et du collage, entre musique électro et texture organique ou acoustique. C’est un voyage captivant qui nous rappelle Laurie Anderson, Brian Eno, Robert Fripp ou l’album de Rodolphe Burger et Olivier Cadiot, On n’est pas indiens, c’est dommage (2000) pour les traces des voix. Sur la notice qui accompagne le disque, il le conseille vivement pour tous les fans de Coil, Caroline K ou Nurse with Wound, que je me suis empressée d’aller écouter.

On est embarqué.e.s dans ces rencontres sonores, ces héritages et ces traces. Comme dans le livre de Valeria Luiselli, Archives des enfants perdus (2019), où les protagonistes enregistrent et collectionnent les sons de leurs contemporains, cet album est comme une carte sonore de notre monde, sans frontière, tout en rencontres et il illustre brillamment le titre de la série créée en 2014 Mind Travels.

Comme quoi, on n'est pas obligé de partir loin pour faire un voyage réussi.