Monologue dramatique d'après l'adaptation par Christian Dumais Lvowski du journal de Vaslav Nijinsky interprété par Denis Lavant accompagné par les musiciens Gaspar Claus et Matthieu Prual.

Après qu'il ait déambulé aux quatre coins de la salle et s'être échauffé autour des spectateurs partagés entre étonnement, crainte et rires, Denis Lavant va rejoindre les deux musiciens (Gaspard Claus au violoncelle et Matthieu Prual au saxophone) déjà installés sur la scène.

Une chaussure sur la tête, torse nu et un de ses cahiers coincé dans son pantalon de peur qu'on ne lui prenne, il est le grand Vaslav Nijinski, la légende de la danse qui, après sa dernière apparition publique, rédigera comme un cri d'urgence ses cahiers avant d'être interné.

Dans le registre du seul-en-scène, Denis Lavant est un des rares comédiens aujourd'hui capable à lui seul d'embraser un texte à ce point et de le transfigurer. Qui d'autre aurait pu jouer avec autant d'engagement ce rôle si exigeant et ce monologue fiévreux à cent à l'heure ? 

Pendant plus d'une heure, il transporte le spectateur au plus près de la folie du chorégraphe dans "Les Cahiers de Nijinski". Vociférant ou calme, grandiloquent ou discret, il est toutes les facettes de l'artiste proche de sa fin. Chaque tressaillement de son âme fait sens dans cette confession aux propos tantôt lucides ou incohérents.

Les deux musiciens tordent les sons, triturent les cordes ou retiennent le souffle, créant des ambiances parfaites pour accompagner Denis Lavant dans une incroyable mise à nu sous la houlette de Matthieu Prual à l'épatante direction artistique qui ajoute également à l'ensemble la vidéo en direct de Thomas Rabillon.

Le comédien éructe et se roule au sol tandis que musique et vidéo créent l'univers mental du personnage. Un travail corporel poussé et un jeu d'une générosité absolue qui font de ce spectacle hors normes et de ce monologue halluciné une extraordinaire et inoubliable performance.