Spectacle burlesque d'après l'oeuvre éponyme de Gioacchino Rossini, mise en scène d'Emily Wilson et Jos Houben, avec Estelle Béréau, Violaine Le Chenadec, Sylvie Becdelièvre, Blandine de Sansal, Stéphanie Olier, Anne Ollivier, Sahy Ratia, Etienne Garreau, Marlon Soufflet, Ronan Airault, Jean Ballereau, Julien Reynaud, Nathalie Baunaure, Jofre Carabén, Marc Frémond accompagnés par les musiciennes Colette Diard et Elodie Soulard.

Tous deux formés à l'Ecole internationale Jacques Lecoq, Emily Wilson et Jos Houben sont faits pour s'entendre et, poursuivant leur collaboration, se sont acoquinés pour célébrer à leur façon, celle de l'iconoclastie burlesque, une drôle de cérémonie profane résultant de l'adaptation d'une partition pour un office religieux "La Petite messe solennelle" de Gioacchino Rossini.

Avec un traitement radical en forme de divagation théâtrale qui aurait sans doute amusé ce maître de l'opéra bouffe qui, non sans humour, l'évoquait comme "une sacrée musique" composée pour des chanteurs "chérubins" qui en l'espèce évoquent davantage les Deschiens, référence au demeurant assumée dans leur note d'intention.

Pour leur transposition scénique, ils recourent au registre de la partition découpée en tableaux qui correspond à la structure liturgique de l'oeuvre originale intégralement conservée, au genre de la pantomime sans inserts textuels et l'hybridation percutante du rire et de l'émotion.

L'opus se déroule avec la scénographie d'Oria Puppo dans un décor de salle polyvalente vintage, gymnase, conservatoire de musique et à l'occasion salle des fêtes comme l'atteste les canettes et cotillons jonchant le sol et, en l'occurrence, utilisée pour une journée vide-grenier.

Comme lors d'un office religieux pour un moment de foi partagée, se croisent une multitude d'archétypaux personnages anonymes embarqués dans une ode à l'humanité instillée de micro-événements incongrus, et essentiellement loufoques, sur le thème du ratage.

Et cependant non totalement étrangers aux épisodes liturgiques, aisément décelables pour les spectateurs avertis et laissant une liberté d'interprétation pour les autres, mais traités de manière anachronique telle la belle scène qui se dénoue en déposition de la croix qui évoque celle du peintre maniériste Jacomo Pontormo.

Sous la direction musicale de Gildas Pungier et l'accompagnement de la pianiste Colette Diardet l'accordéonniste Elodie Soulard, les interprètes s'avèrent tous émérites.

Les comédiens (Nathalie Baunaure en vierge déboussolée, Jofre Caraben en petit régisseur des techniciens de surface qui se qui se croit le premier moutardier du pape et Marc Frémond en géomètre compulsif, comme les chanteurs-comédiens bien distribués.

Et ce, des solistes (Ronan Airault, Estelle Béréau, Violaine Le Chenadec, Sahy Ratia et Blandine de Sansal bouleversante dans l’Agnus Dei) aux membres du Choeur de chambre Mélisme(s) (Sylvie Becdelièvre, Stéphanie Olier, Anne Ollivier, Etienne Garreau, Marlon Soufflet, Jean Ballereau et Julien Reynaud).

Ils jouent efficacement la carte de la choralité et dispensent une belle prestation qui concourt à la réussite de cette singulière entreprise.