Le dernier album de Ben Herbert Larue, le troisième, est sorti cet hiver, comme une terre chaude dans un monde de questions, un souffle au coeur qui ne fait pas de mal. Ces 13 titres nous ont enchantée.
Comme une évidence, déjà, s’imposent à nous la qualité de l’écriture et le tourbillon des textes, poétiques, drôles, engagés et émouvants.
Puis la voix aussi, parlée, chantée, slamée, rappée-rappeuse… Elle est comme un caillou, parfois comme un galet, toujours captivante.
Et enfin, les compositions, façon chanson, efficaces et souvent subtiles dans leurs arrangements. Comme un conteur, Ben Herbert Larue nous embarque. En l’écoutant, il m’arrive de penser à guL de boA. Ben s’aventurera-t-il davantage dans le côté rock qu’on retrouve chez son aîné ? On en a quelques esquisses avec "On se bat".
Ben Herbert aime les gens et ça s’entend. Il l’annonce dès le superbe titre d’ouverture – notre préféré : "Souffle(s)" : il écrit "tout haut ce qui se passe en bas" et on pense à cette phrase d’Aimé Césaire qui lui va bien aussi : "Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir". Mais pas de chagrin chez Ben : il est toujours lumineux et il voit de la poésie à tous les coins de rue.
Souffle(s) : c’est l’art de mettre en valeur les gens entre parenthèses, les invisibles. Son album s’écoute comme une histoire qui nous fait rire "Comme la pluie", qui nous émeut, étonne et ou nous envoûte (la chanson avec Shogofa Arwen, Maryam Yousefi, Farzana Nawabi et Mina Rezae est tout simplement sublime).
On le disait, Ben aime les gens et sait s’entourer. Ecoutez "Les Frère.es" (merci pour cette jolie orthographe et que les réacs-récalcitrants passent leur chemin) : tout y est pour ce grand coeur !
On retrouve sa fidèle équipe de musiciens (le contrebassiste Xavier Milhou et le multi instrumentiste Nicols Jozef Fabre), et des copains (dont Caillou et Goupil avec qui il a monté le projet "L’Ogre de Papier"). Alexis HK porte un regard sur les textes et on retrouve Alexandre Finkin (qui a notamment travaillé avec Ben l’Oncle Soul) pour les arrangements et la réalisation. On retrouve aussi la patte de François Casaÿs du studio rouennais Accès Digital. Et puis, vers la fin de l’album, Sibylle Liévois, Igit, Jack Simard, Abel Chéret et Joan sur nous embarquent dans une belle insomnie avec "Pas dormir".
Avec ce Souffle(s), on respire déjà mieux. Courez - à perdre haleine s’il le faut - l’écouter en concert car Ben Herbert Larue est un homme de coeur et de scène. Il faut le voir pour s’accroître !