Seul en scène écrit et interprété par Pierre dans une mise en scène de Benjamin Guillard.

Un titre ambigu en raison du point d'exclamation - "Aimez-moi !" - dont il est difficile de savoir s'il ressort à l'injonction ou à la supplication et s'il s'applique uniquement à la galerie de personnages, au demeurant essentiellement de simples avatars, qu'interprète Pierre Palmade pour son grand retour sur la scène.

Et il s'affiche non plus dans la catégorie du "one man show" mais celle du "seul en scène" avec, dixit, en ligne de mire, une nouvelle approche inspirée par Fabrice Luchini : "Etre un conteur d'histoires éventuellement drôles. Pas un humoriste à sketchs où tout doit être drôle."

Mais il place la barre un peu haut d'autant qu'il est encore le nez dans le guidon et l'autocentrage.

Il a débuté à vingt ans dans l'émission de divertissement humoristique "La Classe" animée par Fabrice avec son air juvénile, des yeux écarquillés de jeune moineau tombé du nid et un brushing à la lionne.

Un nid qu'il présente comme celui des aigles, mais l'aiglon qui fut l'enfant-roi de la scène comique et un des rois des soirées folles des eighties s'est brûlé les ailes.

Trois décennies ont passé et l'atterrissage sur le plancher des vaches, avec la lucidité de la cinquantaine, ne s'effectue pas sans quelques douloureux soubresauts.

Au mal de vivre du jeune âge ont succédé l'angoisse de la vieillesse, quand la chair fraîche a un prix de plus en plus élevé, et la solitude car la grande famille du spectacle ne comble pas le défaut de parentèle du célibataire sans enfant. Et le rire ne préside pas à l'opus.

La note d'intention annonce une galerie de portraits, ceux de personnages en quête d'amour, mais, en réalité, ce sont ceux de ses propres avatars et l'essentiel des "sketches" décline des thèmes récurrents, ceux de l'homosexualité et de ses addictions personnelles, l'addiction à l'alcool et aux médicaments et la dépendance à la cocaïne.

Dans une scénographie de Jean Haas qui simule une nuit urbaine avec des blocs d'immeubles sous la lune, Pierre Palmade évoque le blues qui envahit quand s'éteignent les lampions. La fête est finie. Salut l'artiste !