Comédie de Louis Calaferte, mise en scène de Patrick Pelloquet, avec Gérard Darman, Pierre Gondard, Patrick Pelloquet, Christine Peyssens, Yvette Poirier et Georges Richardeau.

Dans "Le Serment d’Hippocrate", hilarante opus deux-en-un hybridant comédie de moeurs et satire de la médecine, le dramaturge Louis Calaferte immerge Molière au pays des Bidochon et Feydeau en HLM.

Madeleine (Christine Peyssens) et Lucien (Patrick Pelloquet) forme un couple de Français moyens d'une cinquantaine d'années qui vivent chichement et à l'ancienne avec leurs parents à demeure, la mère de l'une (Yvette Poirier), poupée de chiffon acariâtre, et le père de l'autre (Gérard Darman), ventre sans fond et sourd comme un pot.

Dans les relents de la soupe au chou se débat, dans la frustration et la presque détestation de l'autre résultant d'une promiscuité subie et de l'égoïsme implacable des vieux parents, un quatuor de petites existences rancies. Et, quand la mamie tourne de l'oeil, entrent en scène les Diafoirus père et fils (Pierre Gondard et Georges Richardeau).

Truffés de lieux communs qui tiennent lieu de croyances et d'irrésistibles aphorismes sur les praticiens de la science médicale induits par "les élucubrations médicales" répertoriés par l'auteur, l'opus a pour finalité première le divertissement, ce qui préside également au plaisir du jeu que ne boude pas la troupe du Théâtre de la Maison du peuple menée par Patrick Pelloquet.

Celui-ci le met en scène dans "son jus", forçant même le trait burlesque voguant sur la crête du pathétique pour, indique-t-il, interpréter l'anecdotique qui mène l'universel, dans un décor en trompe-l'oeil et à l'esthétique Deschiens de Sandrine Pelloquet.

Dans un salon vintage avec photo des aïeux, tableau-tapisserie au point de croix et caoutchouc, les comédiens, qui ne sont pas des perdreaux de l'année, connaissent toutes les ficelles du métier et la mécanique du comique de répétition sur laquelle repose la partition.

Tous épatants, ils campent parfaitement des personnages caricaturaux, qui ne sont pas "bouleversifiants" de psychologie, confrontés à la métaphysique du vide, que Louis Calaferte épingle façon... tir au pigeon, juste pour rire.

Désopilant et jubilatoire.