Monologue dramatique écrit et mis en scène par Daniel Colas interprété par Alexandre Brasseur avec la participation de Cléo Sénia.

"Les enfants du paradis", film réalisé par Marcel Carné lors de la Seconde guerre mondiale pendant la période d'occupation allemande mais sorti après la Libération, constitue un chef d'oeuvre du 7ème art inscrit au panthéon des cinéphiles et par l'Unesco au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité.

Intitulée "Brasseur et les Enfants du Paradis", la partition monologale élaborée par Daniel Colas retrace l'épopée de son tournage telle que résultant des souvenirs et mémoires de Pierre Brasseur, figure magnifique et flamboyante du théâtre et du cinéma des années 1930-1950 qui y incarnait fort naturellement, lui descendant d'une dynastie de comédiens datant du milieu du 19ème siècle, Frédérick Lemaître, l'un des plus célèbres acteurs du Boulevard du crime.

Les protagonistes, Pierre Brasseur donc, avec son verbe haut et fleuri et l'ironie mordante du jouisseur, parfois désenchanté, amoureux de la vie et de ses plaisirs, mais aussi Arlette, Arletty bien sûr, alors en pleine "love affair" avec un officier allemand, Jean-Louis Barraud, Pierrot lunaire sur scène comme dans la vie, et Marcel Herrand, dandy précieux qui jouait un autre dandy, le criminel Lacenaire.

Et le quatuor "technique", le réalisateur Marcel Carné, le dialoguiste Jacques Prévert, le compositeur Joseph Kosma et le décorateur Alexandre Trauner, avec lequel Daniel Colas évoque tant les menaces extérieures qui pesaient sur le film, du fait de la censure mais également de leur "déviance", homosexualité, anti-militarisme ou judéité, que les tensions internes ainsi que, au gré de grandes envolées lyriques parfois un peu grandiloquentes, le thème de la liberté de l'art et de l'artiste, la tragédie de l'Holocauste et l'épisode de la tonte des collaboratrices "horizontales.

Dans le décor cossu de salon-atelier conçu par Jean Haas et un beau travail de lumières de Kevin Daufresne, dirigé par Daniel Colas et totalement investi dans l'interprétation, Alexandre Brasseur, au demeurant à l'initiative du projet, campe son grand-père avec la superbe et le timbre de voix de celui-ci qui en usait parfois jusqu'au cabotinage et que reconnaîtra aisément le spectateur cinéphile ainsi que tous les intervenants de ce récit entrecoupé d'inserts dialogués et de soliloques.