Comédie dramatique de Marius von Mayenburg, mise en scène de Maïa Sandoz, avec Serge Biavan, Adèle Haenel et Aurélie Vérillon.

Julia est une petite bonne femme pétulante qui se fait engager comme femme de ménage pour commettre un vol domestique.

Mais très curieuse, elle est intriguée non seulement par le comportement et les manies de son employeur, un homme veuf qui vit en solitaire dans un appartement aux volets clos, mais par le fait qu'il interdit l'accès à une pièce toujours fermée à clé derrière laquelle elle semble percevoir une présence.

Ce qui n'est pas sans évoquer immédiatement le conte de Barbe-Bleue avec ses composantes psychanalytiques de la porte interdite et de la transgression auquel le dramaturge allemand Marius von Mayenburg tord allègrement le cou dans "Voir clair" en proposant une déclinaison en miroir tout aussi inattendue qu'originale et singulière.

Car la porte va être ouverte et s'ouvrir une autre dimension, qui est toujours celle du conte mais dans une dimension atypique, celle de la reconstruction du réel sous l'effet d'une psychopathologie familiale.

A la rigueur de la construction dramaturgique conçue par l'auteur répond celle de la mise en scène de Maïa Sandoz qui navigue avec sagacité dans cet univers aux confins de la réalité, de la fiction, du délire psychotique et du fantastique.

Sous sa direction et avec une grande finesse de jeu, Serge Biavan et Aurélie Vérillon parviennent à instaurer cette indispensable atmosphère d'inquiétante étrangeté qui agit de manière subliminale sur le spectateur pour l'amener à une perte de repères rationnels et à la traversée du miroir.

Bien évidemment il y a quelqu'un derrière la porte dont la composition époustouflante et saisissante par Adèle Haenel, jeune actrice à la filmographie étoffée et déjà "césarisée", révèle un prometteur potentiel pour enflammer les planches.