Partition dramatique écrite et mise en scène par Françoise Courvoisier, avec Judith Magre, Elodie Bordas et Françoise Courvoisier.
"Ecrivain-Peintre-Prostituée". Ainsi Grisélidis Réal résuma-t-elle sa vie, pour une épitaphe à fleurir.
La France a reconnu la valeur littéraire de ce "Genet en jupons" en l’honorant de publications, articles émissions (Laure Adler notamment.
Mais qui était vraiment cette courtisane du Lac Léman ? Ennemie de Calvin, qu’elle méprisait, elle choisit de vivre dans sa cité, Genève la puritaine et la dissimulée, où elle exerça le plus vieux métier du monde avec insolence et philosophie.
Elle écrivait, elle était un écrivain, elle militait, pour la reconnaissance d’une prostitution au service de l’humanité, elle était une conscience et une provocation aimante. Elle était un être humain, amie des hommes.
Tout provenait-il d’une abominable mère, sadique et hystérique, comme elle la décrivit et qu’elle ne pouvait s’empêcher d’aimer comme tout enfant martyr ? Elle agit, contre la pétrification, elle aima, contre la froideur des lèvres maternelles, elle chercha le père, un absent lumineux.
Le metteur en scène, Françoise Courvoiser, a choisi, pour incarner la Grisélidis dans "Les combats d'une reine", Judith Magre, gloire nationale, étoile du Théâtre, femme de beauté et d’incandescence. On vient la voir le cœur battant, comme à un rendez-vous d’amour. Elle ne déçoit jamais.
Entourée de deux "Grisélidis" à d’autres âges de sa vie (Elodie Bordas et Françoise Courvoiser elle-même), Judith Magre traverse le texte comme un paquebot majestueux, toutes lumières éclairées, emportant, dans ses hélices, les frêles embarcations à proximité. C’est jouissif, la majesté.
On regrettera quelque peu l’insistance sur le cancer, pénible , mais les évocations des dernières amours sont irrésistibles.
C’est beau, cette femme qui aime les hommes. Et corrosif. Crue, vraie, politiquement incorrecte, c’est l’audace qui est mise en scène.
